Notes / Observatoire de la Turquie et de son environnement géopolitique
28 mars 2014
Turquie : des élections compliquées pour l’AKP ?
Ces derniers mois ont été marqués par une mise sous contrôle par le gouvernement turc d’Internet ainsi que des réseaux de communication comme Facebook et Tweeter. Au vu de ces dérives autoritaires, comment peut‐on qualifier le régime actuellement en place en Turquie ?
Rappelons tout d’abord que l’ensemble des mesures concernant les droits individuels et collectifs qui ont été prises au cours de ces dernières semaines contre les réseaux sociaux, notamment Facebook et, la semaine dernière, Tweeter, s’inscrivent en réalité dans une sorte de glissement liberticide généralisé du gouvernement turc depuis maintenant plusieurs années. On peut en effet considérer que, depuis trois ans, une série de mesures ont été prises touchant pour la plupart aux questions sociétales et visant à faire régner un ordre moral dans ce pays. C’était d’ailleurs l’une des causes de l’explosion du mouvement de contestation qui s’est produit l’année dernière, au mois de juin, notamment à Istanbul, dans un premier temps, ce mouvement ayant fait par la suite tâche d’huile dans la plupart des grandes villes du pays. En dépit de ce mouvement de contestation, le gouvernement est resté bien évidemment en place mais les faits politiques se sont compliqués depuis le mois de décembre 2013 puisque depuis lors une série de scandales de corruption et de cas de prévarication touchant les milieux proches du pouvoir ont été révélés. Evidemment, cette situation affaiblit l’autorité du Premier ministre mais le radicalisent dans le même temps puisqu’il considère depuis maintenant des semaines qu’il y a une sorte de complot intérieur, voire international, contre la Turquie. C’est une véritable fuite en avant qui est mise en oeuvre par Recep Erdogan qui mène une campagne électorale extrêmement combative mais qui, en même temps, prend des mesures qui, de notre point de vue, sont tout à la fois condamnables et inefficaces. En effet, comment peut‐on imaginer qu’en interdisant les réseaux sociaux cela puisse déminer les affaires de corruption et leur révélation ? Cette fuite en avant est préoccupante, c’est le moins qu’on puisse dire, mais cela ne signifie pas pour autant que nous sommes en présence d’un régime fasciste comme on peut le dire parfois. La nature de ce régime est très paradoxale : ce gouvernement et la majorité parlementaire ont été élus démocratiquement ; il n’empêche que c’est un gouvernement qui, par une série de mesures dont on vient d’en rappeler quelques‐unes, est marqué par une sorte de vertige liberticide. C’est donc un régime incontestablement autoritaire et qui se radicalise graduellement et qui induit une dangereuse polarisation politique au sein de la société turque…