Problématiques régionales
Géopolitique de la nation France / Frédéric Encel et Yves Lacoste, Paris, Presses universitaires de France, 2016, 288 p.
Géopolitique de la France ou obsession de l’islam ?
Géopolitique de la nation France est un titre alléchant. L’un des cosignataires est, de surcroît, Yves Lacoste qui, en son temps, a contribué au développement de l’étude de la géopolitique en France et jouit pour cela d’un prestige réel. À la vue des intitulés de chapitres, on est tout de suite plus circonspect : « L’immigration postcoloniale au cœur du trouble » ; « L’islamisme contre la nation » ; « L’immigration, le danger islamiste » ; « Trois objets et critères de détestation : l’Amérique, le sionisme, le néo-colonialisme français » ; « La conquête de l’Algérie, un cas très exceptionnel ». La lecture de l’ouvrage, dont l’autre cosignataire est Frédéric Encel, ne fait que confirmer le malaise. Il y a une obsession antimusulman, mal dissimulée derrière une dénonciation de l’islamisme. Ce dernier n’est d’ailleurs jamais défini, démarche curieuse pour qui se dit universitaire, mais qui permet tous les amalgames.
Si le lecteur attend une réflexion globale sur la place de la France dans le monde, sur l’évolution de son positionnement géopolitique face à la disparition du monde bipolaire et aux grandes mutations stratégiques dues à la globalisation et à l’émergence, sur les marges de manœuvre dont elle peut se doter face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie, sur la redéfinition de notre politique par rapport au monde arabe, au Proche-Orient, à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, qu’il passe son chemin. Le livre est entièrement consacré à la menace que fait peser l’islamisme en France. « La patrie est en danger », affirment les auteurs, et l’islamisme est un dangereux fléau menaçant nos valeurs républicaines (p. 13). Faut-il prendre les armes ?
Y. Lacoste s’élève contre le discours stigmatisant ou culpabilisant selon lequel les immigrés algériens auraient été livrés à leur sort ou refoulés dans des ghettos (p. 31). Selon lui, les « prétendues mauvaises conditions de vie dans les grands ensembles de banlieue sont les faits du mécontentement de notaires exclus du marché des logements locatifs qui, conjointement avec les petits entreprises de la fédération du bâtiment, ont lancé dans les médias une campagne pour dénigrer les prétendues mauvaises conditions de vie dans les grands ensembles de banlieue. » On croit rêver. On est au cœur de la réflexion géopolitique…
Assez décomplexé, Y. Lacoste énonce très franchement : « Quand on se pose la question de l’islam et des musulmans qui vivent en France dans le déroulement de cette offensive djihadiste, on se fait accuser de racisme. C’est encore passer sous silence que les musulmans français sont loin d’être les seuls à être des chômeurs et à vivre en banlieue ». Y. Lacoste déplore la dénonciation presque rituelle des horreurs des conquêtes coloniales, puis de la colonisation devenue chez les intellectuels de gauche le moyen de disqualifier la République (p. 108).
F. Encel, quant à lui, nous tire les larmes en écrivant qu’aussi loin que remontent ses souvenirs, il a toujours été profondément et viscéralement attaché à la France (p. 35). Il entame le couplet récurrent contre l’islamo-gauchisme – qui se situe entre la haine de soi du Français occidental blanc ou européen, dogmatisme marxisant éculé, et le lucratif lobbying en faveur de l’Arabie saoudite et du Qatar (p. 40). Amusant pour quelqu’un qui vit essentiellement de son engagement communautaire, n’a pas de poste statutaire universitaire et dont le lobbying pro-israélien est ancien et constant. N’est-il pas nommé par ses amis comme « le battant pour Israël dans les médias » ? C’est d’ailleurs ainsi qu’il se présente lui-même dans les cercles privés (Lire Pascal Boniface, Les pompiers pyromanes, Paris, Pocket, 2015, chap. VII). Il évoque un mimétisme quasi obsessionnel et victimaire entre les prétendus « droits des juifs par rapport à ceux des musulmans » et dénonce les tentatives d’influer contre la politique extérieure de la France dans le sens de l’hostilité à notre alliance atlantique (p. 47). Bien sûr, personne ne fait pression sur la France pour qu’elle oriente sa diplomatie dans un sens plus favorable à Israël. Il n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère en expliquant que le conflit israélo-palestinien n’a strictement rien à voir avec la représentation négative extrêmement partagée dans le monde arabe : juifs nuisibles, lâches, comploteurs, viscéralement hostiles à l’islam. On la retrouve, selon lui, dans quantité de corpus interprétatifs du coran (p. 83). Les musulmans seraient donc par essence antisémites. Il ne faut pourtant pas être docteur en histoire pour connaître la différence entre le sort des juifs dans le monde occidental et le monde musulman de 1492 à la moitié du XXe siècle. F. Encel rappelle qu’il soutient la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël depuis toujours. Même lorsqu’il était au Betar ? Même jusqu’au milieu des années 2000, quand il disait avoir pour maître à penser Vladimir Jabotinsky ? Ne déclarait-il pas dès 2001 : « Soyons donc sûr de notre bon droit, c’est un problème de légitimité. Vous êtes aussi obligé d’être systématiquement le plus fort et d’utiliser ce que Jabotinsky préconisait, une muraille d’acier » (Voir Pascal Boniface, Les intellectuels faussaires, Paris, Pocket, 2011 : F. Encel n’a jamais apporté aucun démenti à ce que j’écris sur lui dans ce livre, pas plus que dans Les pompiers pyromanes).
Le professeur Encel se prend un peu les pieds dans le tapis lorsqu’il écrit que le Hamas, groupe islamiste, est considéré comme terroriste par les Nations unies (p. 130). Le Hamas est certainement reconnu terroriste par Israël, les pays occidentaux et les Émirats arabes unis, mais ni la Russie, ni le Brésil, ni l’Afrique du Sud, ni la Chine, et donc certainement pas l’Organisation des Nations unies (ONU) ne le considèrent comme tel. Zéro pointé s’il était étudiant. Cela ne l’empêche pas de se présenter trois pages plus tard comme professionnel de la géopolitique.
F. Encel demande à ce que les associations soi-disant antiracistes de type confessionnel ne puissent prétendre aux deniers de l’État (p. 64). Il propose, par contre, d’augmenter les aides à SOS Racisme et Ni putes Ni soumises, dont la gestion financière a pourtant souvent été mise en cause. Il s’élève contre le culte païen du football et propose de le remplacer par le cinéma, le spectacle, la musique, le théâtre. Son hostilité proviendrait-elle du fait que c’est un secteur où les jeunes issus de la diversité réussissent particulièrement ? Il propose également d’interdire le rassemblement annuel des musulmans de France au Bourget où, selon lui, il y a des appels à la lapidation de femmes adultères et des ventes d’ouvrages à caractère antisémite ou négationniste. On peut penser que si de tels éléments étaient survenus, il ne serait pas le seul à en parler.
Pour faire bonne mesure, il dénonce la « cinquième colonne » – terme très connoté – qui cherche à ringardiser ou à criminaliser la Nation et la République (p. 277). On comprend, dès lors, qu’aucun des deux auteurs ne se réclame dans ce livre de l’Institut français de géopolitique, ce qu’ils font habituellement. Il aurait été délicat, d’un point de vue intellectuel, scientifique et moral, qu’ils y soient associés.
Pascal Boniface
Directeur de l’IRIS
Royaume d’asphalte. Jeunesse saoudienne en révolte / Pascal Menoret, Paris, La Découverte / Wildproject, 2016, 283 p.
Ouvrage d’anthropologie sociale et historique, qui emprunte à plusieurs champs d’étude, Royaume d’asphalte se veut « au service de la compréhension des responsabilités de l’État saoudien dans la marginalisation et la production des violences urbaines » (p. 29). Pascal Menoret explique, dans une démarche réflexive, son itinéraire initial de recherche auprès de groupes islamiques saoudiens, compliqué par l’accès délicat à ces groupes et au terrain dans les villages du Najd, puis l’étude de la violence urbaine à Riyad (chap. 2). L’attention du chercheur, professeur d’anthropologie à l’Université Brandeis (Massachussetts), se porte finalement sur la manifestation la plus spectaculaire de l’aliénation sociale et politique des jeunes, le tafhït, soit les « dérapages » automobiles sur les axes routiers rectilignes de Riyad (chap. 5 et 6).
Pour remonter aux origines du tafhït, l’auteur retrace l’urbanisation de Riyad depuis 1960, qui s’est appuyée sur la marginalisation économique des migrants ruraux et la domestication des Bédouins grâce à la centralisation de l’État des Al-Saoud. La marginalisation des jeunes, l’aliénation politique et la répression sont les conséquences de la captation des rentes pétrolières et immobilières par les clients et des rapports féodaux que la dynastie entretient avec ses soutiens dans la classe roturière – promoteurs, concessionnaires automobiles, détenteurs de monopoles à l’importation. Les marginalisés font les frais d’une politique urbaine basée sur la promotion immobilière, qui favorise l’extension de la ville par lotissements, permettant aux princes et aux promoteurs de récupérer l’épargne des fonctionnaires et de la classe moyenne de la capitale. Une patiente exploitation des archives du cabinet d’urbanisme grec Doxiadis, chargé en 1968 d’établir un plan directeur du développement urbain de Riyad (chap. 3), présente l’expulsion des Bédouins et l’étalement de la ville comme une politique urbaine consciente des princes Al-Saoud. La modernisation de la ville correspond en effet à la proclamation du « développement comme idéologie officielle » des Al-Saoud, qui voient dans la technocratie la légitimation de leur oligarchie, et dans la modernisation liée au pétrole la récompense divine de leur excellence.
Dès lors, pour Pascal Menoret, « la violence routière est une forme de violence politique » (p. 13) : la civilisation de l’automobile, de l’asphalte et du lotissement éloigne les Saoudiens les uns des autres, annihile les lieux publics et de sociabilité, tout comme la séparation stricte entre les sexes et les classes sociales. L’« État infrastructurel », qui s’appuie sur les voitures et les routes, a aboli les possibilités d’agir et de protester, et créé une « situation d’apathie et de dépolitisation » (p. 17). Le tafhït est une échappatoire dans un État répressif, dont la loi se fonde sur la violence, et dans une société inégalitaire où les chances de prospérité sont inaccessibles sans wāsta (piston). Né du tufush, de « l’impotence sociale » collective ressentie par les jeunes, le tafhït est une contre-culture possédant ses héros transgressifs, ses codes subversifs – honneur, usage du corps, sexualité – et créant ses propres espaces au sein de la ville – toponymies, usages.
Pascal Menoret nous offre un ouvrage riche, en sources d’abord (archives Doxiadis, cartes urbaines, photographies, productions de la contre-culture du tafhït) et en pistes de réflexion sur la justice urbaine, dans un livre qu’il ne veut pas « désespéré ». Celui-ci permet de mieux appréhender la population, mal connue, des jeunes saoudiens, habituellement analysée sous le prisme sécuritaire trompeur que leur appliquent tant le régime gérontocrate des Al-Saoud que ses alliés occidentaux conservateurs.
Aprilia Viale
Ancienne étudiante à IRIS Sup’
Problématiques mondiales
Jeux olympiques. Raviver la flamme / Jean-Loup Chappelet, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2016, 144 p.
Au-delà des scandales actuels remettant en cause l’intégrité des compétitions, le mouvement olympique international rencontre un problème structurel lié à la baisse de candidatures des villes pour accueillir les Jeux : seulement deux villes étaient candidates pour les Jeux olympiques (JO) d’hiver 2022 ; deux le sont pour ceux d’été 2024. Depuis plusieurs années, les voix critiquant la démesure des grands événements sportifs, et le gâchis financier qu’ils induisent, trouvent de plus en plus d’écho parmi les sociétés civiles. Face à ce constat, Jean-Loup Chappelet, éminent spécialiste du mouvement olympique depuis plus de trente ans, propose de revenir sur les bases de la décision d’accueillir les Jeux. La question mérite en effet d’être étudiée, d’autant que la candidature de Paris 2024 n’a pour le moment pas fait l’objet d’une discussion de fond au niveau national. Alors que Budapest, Rome, Hambourg et Boston ont décidé de se retirer, quel serait intérêt pour la France, ou tout autre pays, d’accueillir la foire olympique ?
De façon synthétique, l’auteur revient sur le fonctionnement et les mécanismes d’évolution de ce qu’il appelle le « système olympique », à savoir un ensemble d’organisations complexe et inédit. Quel autre secteur voit un groupe d’organisations non gouvernementales (ONG) gérer une activité universellement diffusée, rassemblant des milliards de (télé) spectateurs et générant des milliards d’euros de revenus ? L’auteur décrit la rapide expansion du mouvement olympique, de sa création il y a seulement cent-vingt ans – sur les bases de l’olympisme de la Grèce antique – à la montée en puissance commerciale des Jeux, en passant par l’intégration progressive des nouveaux États issus de l’histoire du XXe siècle. La mutation de l’olympisme est orchestrée par le Comité international olympique (CIO), organe au centre du système, qui entretient des relations avec un ensemble de « satellites » : fédérations sportives, comités olympiques nationaux, médias, etc. Cet équilibre institutionnel n’est cependant pas démuni d’une stratégie globale, définie par le CIO lui-même. L’Agenda 2020, dernière incarnation adoptée fin 2014, cherche à contrer les conséquences de l’accroissement des enjeux financiers et commerciaux autour des Jeux. Les scandales de corruption exigent, en effet, un repositionnement du sport international vers des objectifs sociétaux – éducation, culture, intégrité, environnement et droits de l’homme. Ainsi, l’analyse systémique permet de comprendre les rouages de la puissance olympique, tout en montrant qu’elle repose sur un équilibre politique instable et actuellement remis en cause.
Dès lors, une redéfinition de la régulation du sport international s’impose. Pour y répondre, le CIO cherche à promouvoir des principes de « bonne gouvernance » – concept flou –, pour préserver son autoproclamée « autonomie sportive » face aux États. Mais, comme l’explique l’auteur, il faut aller plus loin et intégrer dans ce nouvel équilibre les forces publiques – États et organisations publiques internationales –, sportives et économiques – sponsors et médias. Quelle forme doit-il prendre et comment l’atteindre ? L’auteur n’y répond pas ici. On comprend néanmoins que les buts de cette nouvelle gouvernance ne sont pas seulement de revoir les règles d’hébergement de ces organisations sportives par la Suisse, ou la conformité du fonctionnement des compétitions sportives avec le droit européen par exemple, mais aussi de revoir les conditions de l’accueil et du financement des Jeux.
Car accueillir les Jeux nécessite de lourds investissements qui incombent principalement à l’État-hôte, alors même que les impacts économiques ou sociaux directs, s’ils existent, sont éphémères. Pour répondre à la problématique initiale de l’ouvrage, Jean-Loup Chappelet propose donc de dépasser les calculs d’opportunités à court terme et de concevoir l’héritage durable des Jeux, qui peuvent être bénéfiques à condition qu’ils s’inscrivent dans un projet urbaniste et sociétal véritable, et dont la poursuite doit être un objectif à part entière pour le pays-hôte. Tant au niveau local qu’international, Jean-Loup Chappelet propose ainsi de redonner la primauté à l’utilité sociétale de l’olympisme, ce qui est trop rarement pris en compte par les organisateurs des Jeux, mais aussi par les dirigeants olympiques.
Pim Verschuuren
Chercheur à l’IRIS
La guerre française contre le terrorisme islamiste. De l’opération Serval aux attentats de Paris et Bruxelles / Gregor Mathias, Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, 2016, 222 p.
Bien des ouvrages ont été publiés sur le terrorisme islamiste et la radicalisation, et force est de constater que celui-ci n’offre pas une approche très originale. Sans doute n’est-ce pas son ambition, mais eu égard au titre, il aurait été intéressant que l’auteur s’attache à montrer le fonctionnement de l’État dans la réponse portée au terrorisme, en analysant davantage les structures, les doctrines, les prises de décision. Toutefois, l’aspect narratif et descriptif du livre s’avère utile, tant l’actualité a été dense.
Il permet ainsi de reprendre le fil des attentats de Paris et Bruxelles et les différentes connexions entre ceux-ci. Il montre l’évolution du choix des cibles entre janvier et novembre 2015 : les civils « innocents » sont désormais massacrés. Il présente également la variété des réactions des responsables confessionnels musulmans en France, en concluant à la nécessité de supprimer ou de réformer le Conseil français du culte musulman (CFCM), inadapté selon lui à représenter l’islam de France et à épauler efficacement l’État français contre la radicalisation de certains musulmans. Plus généralement, il affirme que « l’islam est une religion à réformer pour empêcher toute dérive islamiste » (p. 190), rejoignant en cela les interrogations d’une partie de l’opinion publique. L’insuffisance du cadre d’accueil pour instruire les convertis, soulignée dans l’ouvrage, est désormais une question reconnue par les imams de France.
Tout en montrant la difficulté de cerner le profil psychologique des tueurs, l’auteur rappelle la porosité entre la délinquance et le terrorisme dans certains quartiers sensibles de France et de Belgique. Mais il explore aussi les ravages causés par le cyberdjihad auprès de la jeunesse française, qui devrait être mieux combattu par les autorités – « il faudrait créer un centre audiovisuel, à l’échelle française ou européenne, pour créer des vidéos destinées à répondre à chaque vidéo de l’EI [État islamique] en reprenant ses mêmes codes visuels » (p. 207).
L’ouvrage fournit également une analyse de la lutte menée par la France contre le terrorisme au-delà du territoire national. Il revient sur les opérations de l’armée française au Mali, et sur les conséquences jugées désastreuses du soutien aux insurgés libyens contre le régime de Mouammar Kadhafi. On peut regretter un jugement trop schématique et une condamnation facile de l’action extérieure au vu de la situation actuelle en Syrie. Cette analyse a toutefois le mérite de souligner l’erreur de Paris consistant à soutenir les puissances du Golfe, bien que la responsabilité de celles-ci dans la propagation du salafisme, y compris djihadiste, soit avérée.
Enfin, les sources de l’ouvrage sont trop souvent journalistiques, et l’on peut s’étonner de l’absence de références aux rapports publics et d’une bibliographie étonnante et « nationaliste » qui exclut tout ouvrage anglo-saxon. Sous la réserve de ces critiques, on lira utilement cet ouvrage comme un résumé d’histoire immédiate et une introduction aux grandes problématiques du terrorisme islamiste.
Yannick Prost
Haut fonctionnaire et maître de conférences à Sciences Po