Si l’Union européenne (UE) s’est depuis longtemps dotée d’une politique étrangère et d’une politique de sécurité et de défense communes (PESC, PSDC), c’est dans la période la plus récente qu’elle a pris véritablement conscience de la nécessité d’une affirmation géopolitique. Cela s’explique d’abord par des facteurs externes. Au Sud de la Méditerranée, l’échec des « printemps arabes », entraînant le chaos en Libye et en Syrie, a été suivi d’une pression migratoire massive en 2015-2016. Face à ces flux, mais aussi face à la menace terroriste – les attentats de 2015 en France, notamment –, l’Union et ses États membres ont dû reprendre le contrôle des frontières. À l’Est, la politique de voisinage s’est heurtée frontalement à la puissance de la Russie, qui n’a pas craint de recourir à la force vis-à-vis de la Géorgie en 2008 puis de l’Ukraine en 2014, ce qui a conduit l’UE à durcir sa politique. La Turquie s’affirm