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Si l’Union européenne (UE) s’est depuis longtemps dotée d’une politique étrangère et d’une politique de sécurité et de défense communes, c’est dans la période la plus récente qu’elle a pris véritablement conscience de la nécessité d’une affirmation géopolitique. Diverses crises, notamment au cours des dix dernières années, sont venues rappeler que ce projet à visée d’abord interne ne pouvait faire l’impasse sur le monde extérieur, et que cette intégration, qui s’est avant tout pensée comme la fin de puissance, ne pouvait faire l’économie des rapports de force. Ursula von der Leyen a ainsi évoqué une « Commission géopolitique » à son arrivée à la tête de l’exécutif européen, après les élections européennes de 2019. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, ont repris le concept d’« autonomie stratégique » européenne. Au moins au niveau des mots, l’Europe cherche donc à parler le langage de la puissance. Mais où en est-on de ces ambitions ? Que signifie une Europe géopolitique ? À la veille de la Conférence sur l’avenir de l’Europe et de la présidence française de l’UE, ce numéro de La Revue internationale et stratégique appréhende la question en plusieurs dimensions : le débat sur l’autonomie stratégique, le positionnement de l’Europe dans la compétition géopolitique des puissances, la défense, la relance économique, la dimension externe du pacte migratoire, ainsi que la question de la démocratie.

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