Le conflit israélo-palestinien a fait une victime supplémentaire : la société française. Celle-ci est rongée de l’intérieur par cette guerre lointaine qui est devenue l’un des sujets qui divisent le plus les Français. Les juifs français craignent un développement de l’antisémitisme qui les met en danger. Ils ont peur. D’autres Français estiment que l’antisémitisme est plus nettement combattu par les pouvoirs publics et les médias que les autres formes de racisme et de discrimination. Le fossé s’élargit entre ces deux perceptions, divisant les familles, séparant les amis, rendant trop souvent les fréquentations impossibles entre ceux qui ne sont pas d’accord sur ces points. De plus, une confusion opérée entre antisémitisme, antisionisme et critique de l’action du gouvernement israélien contribue à l’importation de ce conflit, où la défense de la politique du gouvernement israélien prend le pas parfois sur la lutte contre l’antisémitisme. Ce conflit risque de durer. Comment éviter qu’il ne gangrène la vie sociale en France ?

Pascal Boniface, directeur et fondateur de l’IRIS, enseigne à l’université Paris-VIII. Il alterne la rédaction de livres pédagogiques comme Comprende le monde, 50 idées reçues sur l’état du monde (Armand Colin), La géopolitique (Eyrolle) et celle d’essais souvent décapants, en particulier Les intellectuels faussaires (Jean-Claude Gawsewitch), et, avec Médine Don’t Panik (Desclée de Brouwer)