Le sport, aujourd’hui, c’est bien plus que du sport. A quelques jours du mondial de Football au Brésil, Pascal Boniface décrypte dans son ouvrage les enjeux géopolitiques du sport devenu un élément essentiel de rayonnement et de puissance pour les États.

Malraux avait tort. Le XXIe siècle ne sera pas religieux avant tout : il sera sportif. Nous sommes entrés dans l’ère du sport mondialisé. Le sport est devenu le nouveau terrain d’affrontement « pacifique et régulé » des États. C’est la façon la plus visible de montrer le drapeau, d’être un point sur la carte du monde et d’exister aux yeux de tous.Lorsque la globalisation efface les identités nationales, le sport devient le moyen le plus efficace pour ressouder la nation, autour d’un projet commun et fédérateur. Dans ce « village global » qu’est devenue la planète, les champions sont les habitants les plus connus et les plus populaires. Tout le monde a entendu parler d’Usain Bolt ou de Cristiano Ronaldo. Qui connaît le nom du Premier ministre jamaïcain ou portugais ? Qui se souvient du nom du président du Brésil en 1970 ? Celui de Pelé est gravé à tout jamais dans les mémoires. Le sport aujourd’hui c’est donc plus que du sport. C’est de l’émotion, des sensations, des moments de désespoir, de joie, de fraternité, etc., mais aussi de la géopolitique, de la puissance en version « soft ». Bref, un élément essentiel de rayonnement pour un État.

Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) est enseignant à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII. Il développe depuis près de vingt ans une théorie géopolitique du sport.