Il va de soi que ces nouvelles révélations mises en avant par WikiLeaks ne rehaussent en rien l’image de la plupart des dirigeants du Moyen-Orient. Les exemples se rapportant à certains dirigeants du Golfe en particulier font ainsi état de la duplicité que ceux-ci sont capables d’entretenir. Mais il ne faut pas exagérer pour autant l’impact potentiel de ces «révélations» sur des pays tels que l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis ou même l’Iran. Les informations de WikiLeaks sont en effet tellement anarchiques et désorganisées que la valeur ajoutée de ces révélations confine finalement à beaucoup de banalités.
Les Iraniens ont constamment tendance à mettre de telles révélations au compte d’une théorie du complot. Cependant, ce qui semble les gêner le plus maintenant, c’est ce qui se dit sur le rôle des Nord-Coréens dans le renforcement de leur propre potentiel militaire. Pour autant, les Iraniens me paraissent excessifs dans leurs accusations, puisque les révélations de WikiLeaks sont somme toute plus gênantes pour les Etats-Unis et leurs alliés qu’elles ne peuvent l’être pour l’Iran.
Ces fuites sont crédibles, bien entendu, rares sont d’ailleurs ceux qui, parmi les principaux concernés, ont cherché à réellement les nier. De plus, je ne crois pas que, au vu des informations qui nous ont été communiquées jusqu’ici par les médias, on puisse être en mesure de parler de scoops réels. Certes, quelques détails apportent des éléments sur la personnalité de tel ou tel officiel, mais dans le même temps, la méfiance des Arabes et d’Israël vis-à-vis de l’Iran est tout sauf un secret, et le fait que Hillary Clinton s’intéresse au profil psychologique de différentes personnalités politiques de la planète montre au contraire qu’elle ne prend pas sa fonction à la légère. Arrêtons donc de faire de WikiLeaks l’exemple vertueux d’une lutte contre la duplicité des politiques de la planète. WikiLeaks a le mérite d’exister, mais il ne paraît pas avoir réellement révélé de choses révolutionnaires, à ce stade du moins. Quant à la gêne générée, elle me semble néanmoins être due à la crainte de certains politiques de voir des révélations plus compromettantes rejaillir.
Aucune. Les Arabes étant bien plus critiquables que ne le sont les Américains, au vu de ce qui a été communiqué par WikiLeaks jusqu’ici, je ne vois pas en quoi la marge de manoeuvre des Américains pourra être altérée dans la région. WikiLeaks n’est pas un «Wikigate», et quand bien même il le serait, les enjeux réels prévalant sur le terrain sont bien trop importants pour pouvoir être altérés par des assertions qui ne font que confirmer ce que l’on savait déjà de l’attitude des hommes politiques.