La situation entre l’Iran et le Pakistan peut-elle virer à la guerre ouverte ?

Non, je ne pense pas. Il existe des relations historiques entre ces deux voisins qui coexistent depuis plusieurs décennies. Cela se passe de manière assez correcte, même s’il ne s’agit pas une franche amitié. Ce n’est pas la première fois que l’Iran intervient contre l’organisation terroriste Jaish al-Adl, dont le quartier général se situe au Pakistan. Par le passé, l’Iran a déjà attaqué des bases, et a même envoyé des commandos il y a quelques mois pour attraper des dirigeants.

Pourquoi le Pakistan a-t-il cette fois riposté ?

Le Pakistan se trouve dans une situation intérieure extrêmement délicate. Des élections législatives anticipées auront lieu le 8 février. Elles seront cruciales : une manœuvre politicienne au sein du Parlement a interdit à l’ancien Premier ministre Imran Khan d’y participer (il est actuellement en détention). Or, Imran Khan est la personnalité la plus populaire du Pakistan. La coalition provisoirement au pouvoir, dirigée par le Premier ministre Anwaar-ul-Haq Kakar, a donc décidé qu’il était l’occasion de riposter. Pour elle, ne pas répondre aurait été un déshonneur, à moins d’un mois des élections. Elle souhaitait laver l’affront.

Cela constitue tout de même un nouveau point chaud dans cette région, après la guerre entre Israël et le Hamas…

C’est une habitude dans cette partie du monde. Mais c’est la riposte pakistanaise, plus que l’attaque iranienne, qui a surpris tout le monde. Cette partie de la frontière entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran est très difficile d’accès. C’est là que passent les contrebandes, notamment les trafiquants de drogue. Il y a déjà eu des affrontements par le passé. La sécurité dans cette région n’est pas vraiment assurée, par aucun pays. Cela permet à différentes organisations de s’implanter dans les villages.

Au niveau international, quels pays peuvent apaiser les tensions ? Qui y aurait intérêt ?

Pour la première fois, l’Occident, la Chine et la Russie ont réagi. La Chine a annoncé qu’elle était disposée à faire en sorte que tout cela soit réglé. Elle a de l’influence au Pakistan, même si le pays est proche des États-Unis, et possède de très bonnes relations avec l’Iran. Je pense donc que cette affaire s’arrêtera probablement là. Les Iraniens n’ont jamais eu de difficultés avec le Pakistan depuis des décennies. Cela n’ira pas plus loin.

Propos recueillis par Idèr Nabili pour TF1 INFO