Pour le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, les objectifs visés sur le plan militaire sont atteints, même si les opérations ne sont pas terminées.
Sur le plan militaire, l’objectif était d’empêcher un massacre par les troupes de Kadhafi à Benghazi. De ce point de vue, il a été atteint. Certains pensaient qu’il s’agissait aussi de renverser Kadhafi, mais cela ne faisait pas parti des objectifs officiels tels que définis par la résolution 1973 de l’ONU. Celle-ci a donc atteint ses buts, même si l’opération n’est pas terminée
Difficile à prévoir. Si on s’en tient à la posture officielle -comme le chef d’Etat-major américain l’a rappelé -, il n’est pas question de prendre Kadhafi pour cible, même si les occidentaux ont demandé son départ. On risque donc de déboucher sur une sorte de statu quo. D’un côté, les insurgés n’arriveraient pas à renverser le pouvoir en place rapidement. De l’autre, Kadhafi ne parviendrait pas à regagner le terrain perdu. Dans ce cas, il faudra une autre solution politique, et les alliés pourraient être partagés sur le maintien d’une coalition la plus large possible.
Il y a plusieurs risques. Celui d’une intensification du conflit qui conduirait à une explosion de la coalition est le plus grand. L’objectif est de maintenir cette unité même si elle est le fruit d’un compromis. Il faut éviter à tout prix un scénario proche de ce que l’on a connu en Irak en 2003. Le maintien de Kadhafi au pouvoir pose un problème. Mais une victoire occidentale sur son régime aggraverait la situation en créant tout un tas de problèmes. Kadhafi est contesté en Libye et isolé sur la scène internationale. Le mieux est de laisser le temps agir. Il vaut mieux qu’il tombe par l’action des insurgés et la pression internationale.
L’opinion publique se retournera en cas de bavures, de pertes occidentales importantes ou d’enlisement. Si en revanche, les opérations permettent d’éviter des massacres mais sans pertes, alors on peut tout à fait attendre. Combien de temps ? Comme dans le cas de Laurent Gbagbo, en Côte d’Ivoire, le résultat est acquis mais on sait qu’il faut être patient et ne pas perdre ses nerfs.