En Suède, l’extrême droite a remporté un certain nombre de sièges mais seulement 5,7 % des voix. Ce résultat est influencé par le système électoral. Certes, l’extrême droite tient entre ses mains le sort de la future coalition gouvernementale, mais ce n’est pas un triomphe ! De même, il faut se garder de faire des comparaisons avec des faits historiques précédents. II existe en Europe des groupuscules fascistes mais ce n’est pas le cas de ces partis. Ce sont des droites plus conservatrices que les droites traditionnelles
Oui, mais il y a aussi des pays où elle régresse comme en Belgique. D’autres ou elle n’existe pas, comme en Irlande ou au Luxembourg. On évoque régulièrement la crise économique pour expliquer la poussée de ces mouvements.
Je parlerais moins de la crise économique que du sentiment de perte de statut social. Cette sensation très profonde d’une précarisation, ressentie notamment en France, joue incontestablement. Mais la raison essentielle tient à deux points très liés : l’immigration et le multiculturalisme. Le simple fait de coexister avec des personnes de cultures différentes qui s’affirment en tant que telles constitue pour certains un véritable danger. Une fraction de la population garde la nostalgie de l’assimilation Or, l’immigration aujourd’hui est très différente de celle des années trente ou quarante, constituée à l’époque d’étrangers venant d’autres pays d’Europe. Aujourd’hui, les émigrés arrivent du Sud-Est asiatique, de Turquie, du Maghreb.
C’est la question qui est posée L’islamophobie est un ressort manifeste. A la tête de ces partis, on trouve souvent des gens parfaitement intègres au système. C’est le cas de Geert Wilders aux Pays-Bas. II a jugé que sa formation politique d’origine n’allait pas assez loin et il a créé un mouvement ouvertement islamophobe.
Je crois qu’il faut poser la question différemment. Est-ce que ces partis prospéreraient si l’identité européenne était réellement affirmée, si les électeurs avaient une véritable conscience européenne ? Pas des partis fascistes, mais des partis d’exclusion.
Une mobilisation saine contre des partis qui propagent des idées incompatibles avec les droits de l’Homme serait de faire des propositions politiques un peu plus élaborées que la simple diabolisation. Leur principale capacité de nuisance est d’empêcher la droite libérale de gagner les élections. Quant à chercher à récupérer ces voix d’extrême droite, c’est faire un mauvais calcul politique. Ça ne marche pas. Ces électeurs ne veulent pas des tribunaux plus sévères, ils veulent la peine de mort.