• Interview de [Jean-Pierre Maulny->http://www.iris-france.org/cv.php?fichier=cv/cv&nom=maulny], directeur adjoint de l’IRIS, par Antoine Fouchet

Une cérémonie en l’honneur des quatre soldats français, tués vendredi en Kapisa, est prévue mardi 24 janvier aux Invalides, à Paris, dans l’intimité. Nicolas Sarkozy doit bientôt dire s’il veut anticiper le retrait total de la France d’Afghanistan, prévu d’ici à 2014, François Hollande souhaitant qu’il soit réalisé dès fin 2012.

« Il convient, d’abord, de préciser que le retrait du contingent français d’Afghanistan – soit au total 4 000 hommes – a déjà commencé. En juin dernier, Nicolas Sarkozy a, à la suite du président des États-Unis Barack Obama, annoncé un retour échelonné des soldats : 400 premiers soldats français ont été rapatriés fin 2011. Selon ce dispositif, 600 militaires supplémentaires doivent rentrer courant 2012 et les 3 000 autres l’année suivante.

Pour des raisons logistiques, la marge de manœuvre pour un retrait est en réalité étroite. Il faut tenir compte des difficultés d’acheminement des matériels, qui ne peut être que long.

Elles sont dues, d’une part, à la rareté des axes routiers praticables et sûrs et, d’autre part, à la limitation des capacités de transport aérien. Une activation des délais permettrait seulement un retour complet au printemps 2013.

Washington craint surtout l’effet d’entraînement

Les États-Unis redoutent cependant une décision française de départ anticipé. Non pas tant pour les conséquences concrètes sur le terrain : si le contingent français est présent dans une région sensible, dans l’est de l’Afghanistan, il représente une partie numériquement assez peu importante des effectifs de la coalition internationale, qui comprend au total 140 000 hommes.

Washington craint surtout l’effet d’entraînement qu’une anticipation par Paris pourrait avoir auprès des autres pays membres de la coalition, notamment européens.

Les Occidentaux veulent se retirer. Ils l’ont décidé et Washington souhaite garder, tout au plus, quelques bases en Afghanistan. Ils ont fixé 2014 comme échéance, en espérant que la situation de l’Afghanistan soit stabilisée cette année-là.

Or, ils se rendent compte que rien n’est moins sûr. Dès lors, ils se posent une question : comment respecter le calendrier initial, voire l’avancer, tout en regagnant la stabilité ? Et c’est pour cette raison qu’ils accélèrent, parallèlement, les pourparlers menés avec les talibans modérés afin de trouver une solution politique. »