Ça le décapite puisque Ben Laden était à la tête d’Al-Qaida. Mais il ne faudrait pas pêcher par un excès d’optimisme et croire que parce qu’on en a terminé avec Ben Laden, on en a terminé avec le terrorisme. Al-Qaida va continuer à exister même sans son chef. Mais c’est une victoire importante, surtout d’un point de vue symbolique. Al-Qaida, qui était déjà sur la défensive depuis quelques temps, vient de subir une nouvelle épreuve qui va accélérer son déclin.
Ce sont des réseaux indépendants qui ont un socle idéologique commun mais dont les liens organisationnels, la coordination stratégique, sont beaucoup plus flous. On peut d’ailleurs penser que les attentats de Marrakech, s’ils avaient été programmés plus tard, auraient quand même eu lieu. Cette mort est un coup porté au terrorisme global mais les révolutions démocratiques en cours dans les pays arabes sont, elles aussi, un coup porté au terrorisme.
C’est une règle générale: quand un mouvement terroriste subit une perte ou est affaibli, sa partie la plus radicale essaie de frapper à son tour pour montrer qu’elle existe. On a vu cela en Irlande du nord ou au pays basque dans des contextes politiques bien différents. C’est donc à juste titre que les services occidentaux renforcent leur sécurité car il y a une grande tentation de la part de la nébuleuse Al-Qaida de frapper pour montrer que, malgré la mort du chef emblématique, elle est toujours en capacité opérationnelle.
Ceux qui le prendront pour un martyr sont ceux qui le prenaient pour un héros auparavant. Mais il n’y a pas vraiment ce sentiment d’injustice dans sa mort qui pourrait en faire un martyr. Ben Laden n’est pas Che Guevara. Il avait quelques soutiens dans des secteurs de l’opinion du monde musulman de son vivant et il les aura toujours après sa mort. Pour ne pas en faire un martyr il faut que les différents conflits qui perdurent soient réglés le plus tôt possible et il faut travailler sur l’environnement politique qui avait permis l’émergence du phénomène Ben Laden.
La question est comment se fait-il qu’on ne l’ait pas trouvé bien avant! C’est en tout cas une excellente opération pour Barack Obama car il a réussi là où George W. Bush avait échoué. Par ailleurs Obama peut, alors que les démocrates sont toujours accusés de ne pas être assez fermes sur les affaires stratégiques, se targuer d’être celui qui a donné l’ordre de capturer mort ou vif Ben Laden, à un an des élections de 2012 aux Etats-Unis.