Interrogé par Nouvelobs.com sur la présumée corruption de membres de la FIFA, Pascal Boniface, directeur de l’IRIS et secrétaire général de la Fondation du football, estime que l’instance internationale se doit d’être transparente afin de "préserver ses intérêts et son image."
Il faut se garder de tout commentaire hâtif avant que l’enquête n’aboutisse. Cela dit, s’étonner d’une telle affaire est à la fois un signe de confiance envers la FIFA mais également une marque d’angélisme. Les enjeux économiques, diplomatiques, stratégiques, symboliques et sportifs expliquent, sans les justifier, de telles tentatives de détournements et de corruption. Si la FIFA, en tant qu’organisme ne peut pas être soupçonnée d’être corrompue, un de ses membres ou un de ses responsables, à titre individuel, peut toujours être susceptible de tomber dans ce travers
La FIFA doit faire la lumière sur cette affaire de corruption, ne serait-ce que pour préserver ses intérêts et son image. C’est aussi simple et cynique que cela. Dans le cas contraire, elle perdrait en crédibilité. Le temps des arrangements entre amis et des cadeaux –de diverses natures – est révolu. L’importance prise par ce type d’évènement sportif oblige à mener des enquêtes et des contre-enquêtes drastiques. De fait, un acte de corruption a, aujourd’hui, moins de chance de passer inaperçu qu’auparavant.
L’attribution de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne – et non du Mondial 2010 en Afrique du Sud comme cela a souvent été évoqué – est le dernier exemple en date du renforcement des contrôles de la procédure de désignation des pays hôtes. A cette époque, il avait été mis en évidence l’influence de certains sponsors généreux dans le choix d’un délégué de la zone Océanie. Celui-ci avait finalement voté en faveur de la candidature allemande alors qu’il avait "promis" son vote à l’Afrique du Sud.
Ces errements individuels ne peuvent, à eux seuls, remettre en cause l’organisation démocratique de la FIFA. Et c’est pourquoi, la FIFA se doit d’intervenir.
Si elle "ne fait pas le ménage", c’est sa crédibilité qui sera atteinte. Or, aujourd’hui, c’est l’image qui est le plus grand facteur de puissance, d’attractivité et d’influence.
Sa crédibilité est en jeu. Il n’a pas d’autres choix. D’autant plus qu’il doit se représenter à la tête de la FIFA. Si la transparence n’est pas faite sur cette affaire, alors sa réélection pourrait être remise en cause.
Que l’UEFA soit mieux gérée de façon plus rationnelle que la confédération africaine de football (CAF) est un fait acquis. Ceci étant dit, dire que la corruption est un mal qui n’atteint pas l’Europe est une déviance ethnologique fausse et dangereuse.
La question de la promotion et du développement du football est fondamentale pour la FIFA. Viennent ensuite les critères relatifs aux infrastructures, à la capacité d’accueil et aux conditions de sécurité. En dépit des inquiétudes suscitées par l’Afrique du Sud, le pays a parfaitement répondu à ces critères.
Il est évidement fondamental. Le choix de l’Afrique du Sud en 2010 était un choix géopolitique. Encore auparavant, l’attribution de la Coupe du Monde au Japon et à la Corée du Sud en 2002 revêtait une dimension géopolitique évidente. D’abord pour développer le marché asiatique du football. Ensuite pour participer à la "réconciliation" des deux nations dont les relations ont été, jusqu’à récemment, très tumultueuses.
Les Mondiaux de 2018 et de 2022 n’échapperont pas à ce critère. L’Europe tient la corde pour 2018 compte tenu du fait que l’édition précédente (2014) se déroulera au Brésil et que la FIFA tente de faire respecter une alternance entre les continents. A cet égard, l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar pour l’édition 2022 viendrait combler une lacune. Aucune compétition sportive mondialisée ne s’est à ce jour tenue dans le monde arabe.