• [Pascal Boniface->http://www.iris-france.org/cv.php?fichier=cv/cv&nom=boniface] par Alexandre Bogaert

Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), analyse l’état des pourparlers entre israéliens et palestiniens à quelques heures de l’expiration du moratoire sur la colonisation en Cisjordanie.

A-t-on des raisons d’être pessimiste sur la poursuite des négociations ?

On pouvait l’être dès le début dans la mesure où, malgré la pression américaine, le gouvernement Netanyahu ne voulait pas remettre en cause la date de fin du moratoire. Même si les Israéliens vont bien spécifier que l’extension de la colonisation va se faire dans les colonies existantes et non dans de nouvelles colonies, c’est quand même la preuve que Netanyahu préfère donner des gages à sa coalition gouvernementale au détriment de son partenaire palestinien et même de son ami américain, qui a maintes fois demandé l’arrêt de la colonisation.

Cela traduit-il une baisse de l’influence américaine dans la région ?

Déjà au printemps Obama avait dû reculer quand il avait demandé la fin de la colonisation et que Netanyahu avait refusé, optant pour un simple moratoire. Obama vient de subir une seconde défaite.

Toute négociation est-elle désormais impossible ?

On peut toujours espérer une poursuite des négociations, même si Mahmoud Abbas avait prévenu que les négociations n’auraient pas de sens si la colonisation reprenait. En effet, au fur et à mesure qu’avance le grignotage des territoires palestiniens par les colons israéliens, la création d’un Etat viable en Palestine devient matériellement impossible.

Dans quelle position se retrouve Mahmoud Abbas, le chef de l’Etat palestinien ?

Il est affaibli sur la scène politique intérieure car ceux qui, comme le Hamas , mettaient en doute la pertinence des négociations, vont avoir un argument pour dire que la voie des négociations est une impasse