La question des Roms doit être mise en perspective. Depuis la Révolution, la France prétend être porteuse d’universalisme et ne cesse de rappeler cet élément de son identité. C’est même l’une de ses postures fortes sur le plan diplomatique. Parallèlement, à tort ou à raison, à l’étranger on reproche à la France, du moins à ses dirigeants, leur arrogance. Il n’est pas étonnant qu’à l’occasion d’un discours ou d’une prise de position qui manque de cohérence par rapport aux principes affichés de la France, on s’en saisisse.
Il faut d’abord parler d’images au pluriel, qui se combinent. Elles font partie du capital d’un pays et ont de vraies incidences sur le plan diplomatique, économique Mais en même temps, ces images évoluent. Prenons le cas de l’Allemagne. Considérée, a raison, comme le pays qui a mis le monde à feu et à sang, elle a su se construire une nouvelle identité, celle d’une puissance économique. En France, le Nord-Pas-de-Calais, qui a perdu des pans entiers de son industrie, renvoyait dans les années 1980 une image négative. C’est aujourd’hui une région considérée comme moderne, porteuse d’avenir. II ne faut donc pas exagérer l’impact de telle ou telle crise.
Les années 2010 ne sont pas les années 60 ! A l’époque du général de Gaulle, dans le contexte de la Guerre froide, la France avait une certaine capacité d’influence par le verbe. Elle disposait aussi d’une agriculture productive et d’une industrie forte. Il est clair que la situation de la France s’est démonétisée, que son poids relatif a diminué au sein de l’Europe et dans le monde. Le pays souffre. Il a des rêves de grandeur qu’il ne peut plus assumer. Les Français le comprennent d’autant moins qu’on leur a dit, certes nous perdons l’empire colonial, mais nous allons construire une Europe communautaire dans laquelle nous allons garder le dessus sur l’Allemagne et qui nous permettra de contester la puissance américaine. II faut être très habile aujourd’hui pour démontrer que nous dominons l’Allemagne et que nous tenons à distance les Etats-Unis quand 21 pays de l’UE sur 27 sont membres de l’Otan.
Globalement, la France offre l’image d’un pays au modèle social de qualité mais qui a aussi une relation difficile avec la mondialisation, le libéralisme et des difficultés à se reformer. Inévitablement, les mouvements sociaux viennent accréditer la thèse selon laquelle la France a un goût pour la révolution.
Il faut se garder de croire que la situation est figée. Le grand atout de la France, c’est son profil démographique. D’ici trois décennies, le pays sera plus peuplé que l’Allemagne.