• Federico Santopinto

    Directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Europe, Stratégie et Sécurité

Rome, Paris, Berlin, Londres… Les étapes du voyage diplomatique de Zelensky se valent-elles ? Certaines revêtent-elles plus d’importance ?

Le premier voyage était en Italie. Pourquoi là-bas ? Parmi les grands pays occidentaux, l’Italie est le pays qui est le plus réticent par rapport à la guerre. Il y a une opposition de plus en plus critique vis-à-vis des transferts d’armes. Ce ne sont plus simplement les 5 étoiles qui y sont hostiles, mais également la nouvelle secrétaire du parti démocrate qui ne s’est pas opposée frontalement mais elle vient d’une culture pacifiste. C’est peut-être le pays le plus fragile sur le plan européen dans son soutien à l’Ukraine. A mon avis, il est venu à Rome pour s’adresser à l’opinion publique, plus qu’à Meloni elle-même, qui est pro-Ukraine.

Ces différentes visites de Zelensky peuvent-elles unifier les pays européens dans leur soutien à Kiev ?

C’est un peu un jeu de dominos. Zelensky fait son marché, il joue son rôle pour avoir le plus de soutien militaire et économique de la part des européens. Pour moi, il avait intérêt à aller en Italie, et en Allemagne. Sauf que lors de la dernière venue de Zelensky en Europe, Macron avait invité Scholz à l’Elysée, les deux pays doivent afficher une unité relative, donc le président ukrainien doit aller en France. Puis après au Royaume-Uni, qui veut lui réaffirmer son soutien. On est dans une petite télénovela européenne.

Quelle est l’importance de la visite au Vatican lors de cette tournée ?

La visite de Zelensky au Pape est symbolique mais elle ne bouscule pas la situation diplomatique. Le Vatican a une position qui n’est pas alignée à celle de l’Occident, le pape François n’est pas européen et entretient une sensibilité différente. Il a une vision dogmatique de la guerre, axée sur le côté pacifique.

Propos recueillis par Octave Odola pour 20 minutes.