L’idée d’introduire des quotas pour les joueurs binationaux est moralement indéfendable. Elle ouvre la porte à des discriminations. C’est un facteur de rayonnement pour la France et son football que de former les internationaux d’autres pays, avec lesquels nous avons des liens historiques. L’idée d’introduire des quotas sur les binationaux, en fait d’origine africaine ou nord-africaine, dans les centres de formation est donc à bannir et à condamner. Elle ne peut que nourrir un climat de racisme et de procès en légitimité citoyenne de certains de nos compatriotes. Si le football ne crée pas le racisme, il n’est pas immunisé contre lui. Oui, il y a certainement des responsables, des éducateurs, des joueurs, des spectateurs qui nourrissent des sentiments racistes. Il faut les combattre et les dénoncer.
Mais tous ceux qui connaissent Laurent Blanc, qui l’ont côtoyé, savent qu’il n’est pas raciste. L’accusation est trop grave pour être portée à la légère à partir de propos tenus dans une réunion interne, qui peuvent être d’autant plus maladroits qu’il s’agit d’une conversation informelle à bâtons rompus, qui n’a pas le statut d’une déclaration publique et qui n’a pas donné lieu à des décisions formelles. Si cette affaire a suscité un tel émoi, c’est qu’elle intervient dans un climat politique et social malsain, où les déclarations racistes se sont multipliées et où le rejet de l’autre se banalise.
L’exigence légitime à l’égard du football ne doit pas conduire à être plus sévère à son endroit qu’avec les autres secteurs de l’activité sociale. Certains veulent faire du football un bouc émissaire qui emporterait avec lui tous les péchés de la société en l’en exonérant. Le football n’est pas parfait, mais en termes d’intégration et de diversité, il a fait bien plus que d’autres secteurs prompts à faire son procès. La visibilité du football, jugée excessive par certains, en fait une cible idéale. Si des quotas de 30% étaient établis dans le monde politique, des affaires ou médiatique, cela ne serait pas une régression mais un progrès considérable. Certains procureurs devraient balayer devant leur porte pour être plus crédibles. Le football, grâce aux milliers d’éducateurs et de bénévoles, reste un merveilleux outil de promotion du vivre ensemble.
Cette affaire a fait du mal, essayons d’en sortir par le haut. Cela doit conduire à une réflexion approfondie et positive sur la diversité, sur son apport pour la société française et le rayonnement de notre pays. Alors que l’habitat et l’école sont de plus en plus le reflet de la ségrégation sociale, le club de football est un des rares endroits où les enfants de toutes conditions et de toutes origines, ethnique ou religieuse, se mélangent harmonieusement. Mais si, pour ce qui est des joueurs, le foot est un formidable vecteur d’intégration, un plafond de verre demeure pour les dirigeants et les entraîneurs. Celui-ci doit disparaître.