Dans un premier temps, Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini vont faire une trêve pour voter le budget 2011. Ensuite, courant décembre, Silvio Berlusconi va être confronté aux deux chambres du Parlement, qui ont exactement le même pouvoir, à une motion de défiance déjà déposée par l’opposition de gauche. Même sans les députés liés à Gianfranco Fini, le Premier ministre possède une majorité confortable au Sénat grâce à l’appui de la Ligue du Nord.
En revanche, à la Chambre des députés, il sera battu si Gianfranco Fini vote bien contre lui. A priori, ce sera bien le cas puisque ce dernier l’a annoncé clairement. D’ici le vote, Silvio Berlusconi va donc essayer de rallier à lui des députés pro-Fini en leur faisant miroiter un poste ministériel pour remplacer les démissionnaires de ce lundi. Cela lui permettrait de garder la majorité. Mais cela a peu de chances de fonctionner.
Si Silvio Berlusconi est renversé à la Chambre, le président Giorgio Napolitano, selon la Constitution, lancera de nouvelles consultations pour former un second gouvernement Berlusconi. Gianfranco Fini fera probablement de nouvelles propositions pour élargir le gouvernement aux centristes et montrer ainsi qu’il n’est pas le responsable de la crise. A priori, cela ne marchera pas. Le président vérifiera alors s’il n’y a pas de majorité alternative à Silvio Berlusconi via une alliance "Tout sauf Berlusconi" entre Gianfranco Fini, les centristes et la gauche. Là aussi, il est peu probable que cela fonctionne. Le président convoquera alors de nouvelles élections pour le printemps 2011, deux ans avant la fin théorique de la législature.
Il n’y aurait pas de gagnant clair. Selon les sondages, Silvio Berlusconi et la Ligue du Nord obtiendraient 40% des suffrages, la gauche 30% et l’alliance Fini-centristes 20%. Cela obligerait probablement la gauche, Gianfranco Fini et les centristes à former une grande coalition. Aujourd’hui, ni la gauche ni Fini ne peuvent le faire car leur électorat est contre. Mais après le vote populaire, la donne serait changée car cela serait non plus une opportunité mais une obligation découlant du suffrage universel.
Grâce notamment à la loi électorale de 2006, qu’il a lui-même mise en place, Silvio Berlusconi estime pour sa part qu’un retour aux urnes ne lui serait pas défavorable. S’il remportait ces élections, il reviendrait bien sûr Premier ministre. Il aurait surtout alors un boulevard pour se faire élire président de la République dans les années qui viennent (ndlr : le mandat de Giorgio Napolitano expire en 2013). Il se rêve en effet en "Père constitutif de la nouvelle Italie". Ce scrutin annoncé est donc un moment historique pour le pays. Or, même si on a l’impression que les Italiens se détournent de lui, que le soutien de l’Eglise lui est moins acquis en raison des scandales sexuels, il ne faut jamais donner Berlusconi comme perdu politiquement.