Notes / Observatoire des Criminalités internationales (ObsCi)
15 novembre 2024
Lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée en France : des annonces suivies d’effets ?
Pour un ministre de l’Intérieur, la visite à Marseille fait désormais — en réalité depuis une vingtaine d’années — partie d’un parcours obligé où s’affichent en général la détermination de la République à lutter contre le « fléau » du « narcotrafic », tandis que sont annoncées de nouvelles mesures ou stratégies pour y faire face. Le 8 novembre dernier, signe de la gravité des temps, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, était accompagné du garde des Sceaux, Didier Migaud. Marseille est devenue en effet au fil des ans le symbole de l’emprise territoriale du crime organisé lié aux trafics de drogues et des nuisances qui l’accompagnent inévitablement. Depuis le début de l’année 2023 près de 70 personnes y ont été tuées et des dizaines d’autres blessées lors de règlements de comptes dans un contexte marqué par la multiplication des actes de barbarie et le recrutement de tueurs très jeunes. Face à cette situation dégradée, l’inflation de nouveaux mots apparus pour la décrire, « narchomicide », « narcoenclave », « narcoracaille », « narcoville », « mexicanisation », ne suffisait plus. D’autant que la conscience de plus en plus aigüe de la gravité de la situation depuis quelques années se manifeste par la prise de paroles d’un nombre croissant de magistrats, de policiers et bien évidemment d’élus. De la délégation parlementaire au renseignement, décrivant en
2022 « une menace en pleine expansion », à la Commission d’enquête sénatoriale dénonçant un risque de « submersion », la pression sur le nouveau gouvernement était forte. Dès lors, des changements importants dans l’action des pouvoirs publics contre la montée en puissance du crime organisé lié aux trafics de stupéfiants, entamée il y a plus de quatre décennies maintenant et touchant désormais l’ensemble du territoire national, devenaient urgents…