L’Occident, le jardin et la jungle. Avec Edwy Plenel

« L’Europe est un jardin. [Mais] la plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. »
Ces propos du haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, mettent en avant l’idée que l’Europe comme « avant-poste de la civilisation » incarnant des valeurs démocratiques, serait à l’opposé de la « barbarie » et de la « sauvagerie » de la jungle, à savoir le reste du monde. Le risque en positionnant une civilisation en supériorité par rapport à d’autres (le « jardin face à la jungle ») est de produire par là même notre propre jungle et nos propres barbaries. Une vision du monde de plus en plus remise en cause tant par les positions de l’Occident et son deux poids deux mesures que par la recomposition de l’ordre international, dans lequel il n’occupe plus le centre du jeu. S’il est important d’interpeler sur le fait que l’Occident est en train de tourner le dos aux valeurs qu’il prône, il ne faut pas oublier que les ennemis de l’Occident, eux aussi, se montrent parfois coupables d’une volonté d’imposer par la force leurs vues sur la scène mondiale.
Ainsi, à l’heure où le monde apparaît de plus en plus clivé, est-il encore possible d’échapper aux doubles standards ? L’Occident est-il durablement décrédibilisé par son soutien à la politique de Netanyahou ? Le « Sud global » peut-il en profiter pour s’émanciper au sein des instances de régulation mondiales ? Dans quelle mesure l’ère coloniale détermine-t-elle encore les relations internationales ?
Dans ce podcast, Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, ancien président (aujourd’hui journaliste) de Mediapart, et auteur de « Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde » (La Découverte, 2024), défend la nécessité d’une approche humaniste universelle des relations internationales et d’une remise en question de la position que se donne l’Occident dans un monde en pleine mutation.