Les Turcs en Afrique : discrets mais présents

  • Selin Gücüm

    Selin Gücüm

    Diplômée en Sciences politiques

Depuis 2020, le continent africain a connu la troisième vague de coups d’État de la période post-indépendance. Les sept coups, qui ont respectivement eu lieu au Soudan, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Gabon, se distinguent des vagues précédentes par leur caractère anti-occidental, anti-impérialiste et notamment anti-français. Cela a engendré des tensions avec la France, comme au Niger ou au Mali, d’où les troupes militaires françaises ont été obligées de partir. D’autre part, le recours à des groupes militaires étrangers pour sécuriser le pays, tel le groupe Wagner, après les coups au Mali et au Burkina Faso en particulier – on s’attend à ce qu’il en soit de même au Niger – , a suscité de multiples questions concernant l’intérêt des partenariats alternatifs en Afrique.

Alors que le rôle de la Russie et de la Chine en tant qu’alliance alternative en Afrique est souvent médiatisé, la politique de la Turquie en Afrique reste discrète. Membre observateur de l’Union africaine depuis 2005, le président turc – précédemment Premier ministre – réalise chaque année une tournée africaine dans trois ou quatre États avec ses ministres et des hommes d’affaires. En effet, au cours de ces deux dernières décennies, le lien entre la Turquie et l’Afrique s’est considérablement développé de manière multisectorielle à travers les acteurs publics et privés, ce qui nous oblige à analyser cette relation et à considérer le rôle de la Turquie en tant que partenaire alternatif pour les pays africains…