Les enjeux politiques de l’écologie en Chine et en Inde

Si Pékin et New Delhi s’entendent pour affirmer depuis des années que le XXIe siècle sera le «
Siècle de l’Asie », leur interprétation diverge pour y parvenir. À dire vrai, la seule confrontation
avec la Chine réduirait considérablement la complexité du phénomène. S’ajoute en réalité un
problème, celui de la pollution. Dans une relation aussi inextricable que cornélienne, elle
devrait inciter les deux acteurs à adopter une plus grande hauteur de vues. Car même si la
relation bilatérale est marquée par des rivalités voire une franche hostilité, la coopération
entre les deux États devrait être théoriquement considérée à Pékin et à New Delhi comme
prioritaire, que ce soit dans le domaine commercial ou, surtout, pour répondre à des défis
climatiques similaires et partagés ; la fonte des glaciers himalayens notamment. Leur
concertation, voire le choix d’œuvrer de concert sur ce volet au sein des instances
internationales est donc nécessaire. Elle est pourtant à peine balbutiante. La littérature la
plus alarmante évoque, en effet, pour chacun de ces pays un risque de « collapsologie »,
mettant l’accent sur l’urgence écologique à laquelle la Chine et l’Inde sont chacune
confrontées. Les plus sérieux des scientifiques, tel Guillaume Giroir, dressent un bilan
catastrophique de la situation en Chine. Réchauffement climatique, effondrement de
terrains, dérèglement du débit des fleuves et insécurité sur le plan alimentaire démentent
chaque jour la vision technocratique et optimiste portée par le Parti communiste chinois3. La
situation en Inde est encore plus grave. Quiconque se rend dans ce pays, traverse ses
agglomérations, y constate des records de pollution. Les fleuves se tarissent, les nappes
phréatiques sont polluées, les terres arables se raréfient. Qu’il existe une conscientisation des
problèmes écologiques n’en est pas moins réel. Il existe même une très grande variété et
vivacité du mouvement environnementaliste indien…

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