Les enjeux du revirement diplomatique de Nauru vers la Chine au détriment de Taiwan

  • Alexandre Dayant

    Alexandre Dayant

    Chercheur associé au Lowy Institute

Nauru, un pays insulaire du Pacifique de 12 000 habitants pour 22 km2, situé à 4 500 km au Nord-Est de l’Australie, a choisi de mettre fin à ses relations diplomatiques avec Taiwan, et a décidé de reconnaitre la Chine. C’est un revers pour Taipei, peu de temps après l’élection présidentielle de Lai Ching-te, défenseur de l’identité démocratique de l’île. Nauru, étroitement lié à l’Australie, a dévoilé cette décision dans un communiqué le lundi 15 janvier 2024, la présentant comme étant une « étape initiale significative dans le développement du pays ».

Cette décision reflète l’intense compétition géopolitique qui sévit dans le Pacifique, ainsi que l’effort de Pékin pour éroder le soutien diplomatique de Taiwan dans la région et isoler davantage le pays tout en se présentant comme le champion des pays du Sud. Avec ce changement d’allégeance, la Chine renforce sa position dans le Pacifique. Cinq ans après le revirement diplomatique des Îles Salomon et de Kiribati, il ne reste désormais plus que trois pays reconnaissants formellement Taiwan dans le Pacifique : Tuvalu, les Îles Marshall et Palau. Le revirement de Nauru n’est cependant pas un cas isolé et reflète plutôt une tendance mondiale, où les gouvernements estiment que leurs intérêts, principalement économiques, seront mieux servis en reconnaissant la Chine plutôt que Taipei. C’est notamment le cas en Amérique latine et en Afrique…