Notes
17 février 2014
Les défis de la stabilité en Centrafrique
La Centrafrique, zone oubliée du monde, est venue au coeur de l’actualité avec ses drames humanitaires, son insécurité, ses cycles d’exactions et de représailles. Les conflits ont pris en février 2014 une ampleur dans l’ensemble du pays avec les nettoyages ethno-religieux et l’engrenage de la violence de la part des ex-Séléka et des anti-balaka contre les musulmans. Les interventions des forces africaines de la Misca ou françaises de Sangaris sont de plus en plus difficiles et se sont déplacées du désarmement des ex-Séléka aux affrontements directs contre les anti-balaka. Les atermoiements des puissances et de la communauté internationale demeurent. Les actions humanitaires sont rendues très difficiles du fait de l’insécurité et de la présence sur le territoire de déplacés, de migrants forcés et de réfugiés.
Au-delà de la conjoncture, la Centrafrique est le prototype d’un Etat failli. Elle est depuis son indépendance ravagée par des crises et des coups d’Etat. Le faible contrôle de son territoire, grand comme la France et qui compte environ 4 millions d’habitants (7 habitants au km2), la défaillance de l’Etat dans ses fonctions régaliennes (absence d’armée opérationnelle), des référents ethno-régionaux se substituant à la construction d’un vouloir vivre ensemble collectif national, sont autant de facteurs d’une vulnérabilité extrême. Les richesses du sous-sol (diamant, uranium, pétrole, or) et du sol (coton, bois) sont convoitées par des sociétés étrangères, alimentent la contrebande à partir de frontières poreuses et sont, notamment pour le diamant, des moyens de financement de divers groupes rebelles. Sous perfusion financière internationale, la RCA a externalisé sa sécurité ; faute d’Etat, les services sociaux sont assurés par des acteurs non-étatiques essentiellement étrangers et par les églises. Chaos longtemps borné et oublié, la RCA est devenue une zone grise au coeur du continent africain…