Les cartels mexicains, un héritage lourd à porter pour Claudia Sheinbaum

  • Michel Gandilhon

    Michel Gandilhon

    Expert associé au pôle sécurité-défense du Conservatoire national des Arts et métiers (CNAM), membre du conseil d’orientation scientifique de l’ObsCi

Les élections présidentielles ont rendu leur verdict. Comme les sondages le prévoyaient, la candidate qui se réclamait de l’héritage du président Andrés Manuel Obrador (AMLO), Claudia Sheinbaum, a été élue à la magistrature suprême. Alors que la nouvelle présidente prendra officiellement ses fonctions en octobre 2024, il est important, pour mesurer les défis auxquels elle va être confrontée, de dresser un état des lieux du mandat de son prédécesseur en matière de lutte contre les organisations criminelles locales. Le président sortant en avait fait lors de la campagne de 2018 un enjeu capital. Tirant un bilan sans concession des impasses de la politique dite de la « guerre à la drogue », il se proposait alors de tourner la page et de développer une approche rompant avec les postures belliqueuses qui, depuis 2006, et la mobilisation déclarée par le président Felipe Calderon contre les cartels, ont conduit au déplacement de 8 millions de personnes, à la mort et à la disparition de centaines de milliers de Mexicains. Légalisation de la marijuana, négociations avec les chefs des cartels, démilitarisation du conflit, telles étaient les grandes lignes de la nouvelle orientation proposée au peuple mexicain, lequel la plébiscita puisque le candidat progressiste remporta l’élection avec un score historique pour la gauche de ce pays. Six ans plus tard, le bilan sécuritaire n’est pas la hauteur des espérances suscitées et l’héritage laissé par AMLO, assumée en partie par Claudia Sheinbaum, risque de peser lourdement sur le prochain mandat présidentiel…

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