L’engagement, toujours. À propos de « The Light We Carry », de Michelle Obama

  • Marie-Cécile Naves

    Marie-Cécile Naves

    Directrice de recherche à l’IRIS, directrice de l’Observatoire Genre et géopolitique

Comme Becoming, paru en 2018 et best-seller international, le nouveau livre de Michelle Obama, intitulé The Light We Carry (Cette lumière en nous en français), s’appuie sur l’expérience personnelle de son autrice pour nourrir une réflexion sur l’engagement en faveur des autres et de la société. La traduction française du sous-titre (S’accomplir en des temps incertains pour Overcoming in Uncertain Times) est trompeuse : The Light We Carry n’est pas un livre de développement personnel au sens où l’entendent les têtes de gondoles et la ruse néolibérale dépolitisante : ce livre est politique. Le terme « Overcoming », qui signifie « Surmonter », « Dépasser », « Triompher », rend compte de l’intention collective et engagée. On pense à la chanson de Joan Baez, We Shall Overcome, hymne du mouvement des droits civiques dans les années 1960.

Le succès planétaire de Becoming et les très impressionnantes conférences que Michelle Obama a données pour le promouvoir (j’ai pour ma part vécu son passage à Bercy comme une séance de media training) ont fait d’elle l’incarnation d’un véritable soft power mondial. La marque Obama, c’est autant, voire plus Michelle que Barack. Une marque dont le but est de promouvoir l’engagement des jeunes générations en faveur d’une société plus juste, plus équitable, progressiste et solidaire, dans ou hors de la sphère du seul parti démocrate. Et dont le pitch est le suivant : le récit des histoires personnelles de chacune et chacun fonde un pouvoir politique dont vous ne soupçonnez pas la force. Et ce pitch, c’est elle qui le diffuse le mieux : « Your story is your power », tel est son slogan. Savoir « se raconter » : tout le contraire de « se la raconter »…

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