Le principe de séparation de l’État et de la religion à l’épreuve des dérives sectaires : le cas du Japon

  • Éric Seizelet

    Éric Seizelet

    Professeur à l’Université Paris Diderot, Centre de Recherche sur les Civilisations de l’Asie Orientale

La proclamation du principe de séparation de l’État et de la religion, Seikyô bunri, fut indissociable du processus de démocratisation de l’archipel entrepris sous l’Occupation américaine. Elle fut précédée d’initiatives et de directives visant à la restauration des libertés fondamentales (septembre 1945), à la suppression du Shintô d’État (décembre 1945) et à la négation de la divinité de l’empereur (janvier 1946). Toutefois c’est la nouvelle Constitution japonaise entrée en vigueur en mai 1947 qui instaure officiellement le principe de neutralité religieuse de l’État, garant de la liberté de culte et de l’impartialité politique et financière de ce dernier dans le traitement de la question religieuse. L’article 20 de la loi fondamentale reconnaît ainsi au citoyen japonais la liberté de religion, et donc l’impossibilité pour l’État d’avoir des activités religieuses, de promouvoir des enseignements religieux, de contraindre à l’exercice et à la pratique de tout acte religieux de quelque nature que ce soit. Cette interdiction est doublée à l’article 89 de l’interdiction faite à l’Etat de subventionner les organisations religieuses. Cependant, l’on remarquera que le principe de séparation n’est pas univoque : l’article 20 fait également obligation aux organisations religieuses de ne pas exercer d' »autorité politique » c’est‐à‐dire de ne pas tirer avantage d’une situation ou d’une position de pouvoir pour influencer le processus de décision politique à son profit…

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