La Turquie et les BRICS+ : un exercice géostratégique compliqué

  • Selin Gücüm

    Selin Gücüm

    Stratégiste politique, Machina Creative Thinking Office (Istanbul)

À la suite de l’intention non officielle de la Turquie de candidater à l’adhésion aux BRICS+, les réactions se sont multipliées. Iouri Ouchakov, conseiller du président russe, a confirmé que la demande serait examinée et que Recep Tayyip Erdoğan participerait au sommet des BRICS à Kazan du 22 au 24 octobre. Du côté turc, Ömer Çelik, porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP), a déclaré que « le processus est en cours ». Cette demande, première d’un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a alimenté les craintes d’un rapprochement vers un club perçu comme plus autoritaire ainsi que la perte d’un allié traditionnel de l’Occident.

Les BRICS+, initialement un groupe informel, sont devenus une organisation intergouvernementale en 2009, avec pour membres fondateurs le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, rejoints par l’Afrique du Sud en 2011. Leur poids économique et politique a pris de l’importance, en rivalité avec l’Occident. Avec l’admission de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Éthiopie et de l’Iran dès 2024, le groupe représente désormais 46 % de la population mondiale et environ 36 % du PIB mondial. En termes de PIB en parité de pouvoir d’achat, les BRICS+ pèsent 31 % de l’économie globale, illustrant leur dynamisme. Si l’économie reste centrale, les enjeux politiques et géopolitiques sont cruciaux. Le groupe
réclame une gouvernance mondiale plus équitable et un monde polyphonique sur le plan des
valeurs.