La méthamphétamine afghane, une menace pour l’Europe ?

  • Michel Gandilhon

    Michel Gandilhon

    Membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCI)

  • Ronan Goberot

    Ronan Goberot

    Étudiant à IRIS Sup’

L’histoire contemporaine de l’Afghanistan, depuis l’invasion de l’URSS en 1979, est profondément marquée par la production et le trafic de drogues (Labrousse, 2005). Aujourd’hui, ce pays est le premier producteur mondial d’opium et d’héroïne (UNODC, 2022). Depuis peu, à ces substances est venue s’adjoindre la méthamphétamine, un stimulant amphétaminique extrêmement puissant dont le précurseur direct est l’éphédrine, produite à partir de l’éphédra, une plante qui pousse à l’état sauvage dans les montagnes de l’Afghanistan. En 2020, 1,2 tonne de méthamphétamine a été saisie dans ce pays contre 182 kg en 2018 (UNODC, 2022), loin des 4 kg enregistrés en 2013 et 2014. Cette irruption rapide de la méthamphétamine afghane mérite particulièrement d’être surveillée, car l’Afghanistan est aussi un pourvoyeur important du marché des drogues européen via notamment la route terrestre qui, transitant par l’Iran et la Turquie, débouche sur la région des Balkans. Cette nouvelle réalité intervient dans un contexte où le marché de la méthamphétamine, actuellement peu important en Europe occidentale, connaît des évolutions majeures avec en particulier le développement d’une production importante aux Pays-Bas et en Belgique (Laniel, 2021) et une augmentation des usages dans certains pays de l’Union européenne (EMCDDA, 2022)…