Notes
29 novembre 2011
Kinshasa, la mégalopole sans cesse réinventée
Beaucoup d’analyses sur la condition urbaine en Afrique soulignent la faillite de l’Etat aménageur d’espaces et pourvoyeur de services publics. A Kinshasa règne le non‐planifié, le temporaire qui dure, le recyclé et la débrouille. Mais, malgré les vicissitudes de son histoire (ou à cause d’elles), la capitale de la RD Congo reste l’une des villes les plus inventives du monde.
Son énergie n’est pas rebelle à l’Etat, elle l’ignore puisqu’il se révèle impuissant. Déjà en 1985, l’écrivain Sony Labou Tansi évoquait cette pulsation urbaine : « Cette ville respire comme un coeur de boeuf. Elle commence à venir au monde. En retard mais au galop, elle vient. Kin Kiese ! » Quinze ans plus tard, un autre écrivain de talent, chroniqueur des dérisions du quotidien, André Lye M. Yoka, remarquait qu’il est difficile de conclure sur cette ville : elle est toujours en soi une affaire à suivre ! « Chaque instant, chaque jour qui $ passent ne sont‐ils pas des fragments de sociodrames, sinon des miracles ? ». Il est vrai que se mettre dans la position de l’observateur attentif et bienveillant apporte des surprises déroutantes, faites d’initiatives inouïes, et conduit à se convaincre d’une chose : dans leur misère, les Kinois « produisent » sans cesse leur ville. Et ils imposent de repenser la grille de lecture traditionnelle de la dynamique urbaine, en mettant en avant l’ingéniosité des ressources vitales du comment « vivre ensemble » confronté à toutes les situations hostiles…