Irak : état des lieux, évolutions et perspectives en matière énergétique

2 min. de lecture

L’invasion anglo-saxonne de l’Irak en mars 2003 a provoqué des changements notables dans ce pays. La chute du régime du président irakien Saddam Hussein a en effet conduit à un bouleversement des orientations politiques du pays, et donc à la confrontation des gouvernements voisins à une donne radicalement différente. Mais ces réorientations politiques ne sont en rien exclusives, puisqu’elles ont aussi été accompagnées de modifications plus directement liées aux modalités de gestion et de distribution du pétrole irakien comme de l’ensemble des ressources énergétiques nationales.

On se souvient ainsi que les Etats-Unis, à peine entrés dans le pays, avaient eu pour priorité la sécurisation ainsi que la réorganisation du ministère du pétrole irakien. La prise de contrôle par les troupes britanniques, dès le quatrième jour de l’invasion de l’Irak, des stations de pompage pétrolières de la péninsule de Fao procédera de la même logique. De même, les premières attaques symboliques provenant d’insurgés et visant à décrédibiliser le potentiel supposé des troupes militaires étrangères présentes dans le pays viseront le plus souvent, dans un premier temps du moins, des conduites d’eau potable ainsi que des oléoducs stratégiques reliant les gisements du Kurdistan à ceux du sud du pays ou encore au port de Mina Bakr. Soit des actes visant à mettre en difficulté les Etats-Unis et leurs alliés en s’en prenant à un élément censé avoir grandement motivé leur invasion.

Il convient d’ailleurs de ne pas sous-estimer l’importance des questions pétrolières dans les visées entretenues par Washington vis-à-vis de l’Irak. Cet élément avait en effet déterminé, durant près de 60 ans, la nature des relations américano-saoudiennes, que symbolisait le pacte de Quincy de février 1945. Mais les événements du 11-Septembre, très probablement combinés à l’approche du terme de ce pacte stratégique américano-saoudien conclu initialement pour une durée de soixante ans, semblent pouvoir expliquer dans une mesure importante la volonté de Washington d’en finir avec le régime baasiste irakien. L’Irak détient en effet les troisièmes réserves prouvées mondiales de pétrole, juste derrière l’Arabie saoudite et l’Iran. Qui plus est, la vétusté des installations pétrolières du pays, qui explique la relative faiblesse de l’extraction pétrolière irakienne à la veille de l’invasion du pays en mars 2003 (environ 2 millions de barils/jour, contre 9 millions pour le géant saoudien) laissent supposer que les gisements du pays sont à l’heure actuelle suffisamment importants pour garantir des bénéfices confortables à terme pour ses exploitants. Sans oublier que le mauvais état des infrastructures irakiennes implique la mise en oeuvre d’une politique de reconstruction et d’optimisation des techniques d’extraction pétrolière qui, naturellement, laisse la porte ouverte au positionnement de compagnies pétrolières diverses en Irak, dont les multinationales américaines. Sans quoi, l’on voit mal pourquoi c’est l’entreprise américaine Bechtel qui a pu, dès la mi-avril 2004, bénéficier, action de l’Administration provisoire américaine aidant, d’un contrat de reconstruction d’une valeur initiale de 34,6 millions de dollars afin de surseoir à « la réparation, la réhabilitation et la reconstruction d’éléments vitaux des infrastructures irakiennes »…