Notes / Asia Focus
21 mars 2024
Indonésie, Singapour, Vietnam : quelles perspectives pour le second cercle des partenariats stratégiques de la France en Indo-Pacifique ?
15 septembre 2021. Le partenariat trilatéral de sécurité entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis est annoncé. Prenant le nom d’« AUKUS », la déclaration officielle révèle un projet d’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire par l’Australie. Pour la France, les conséquences sont immédiates. Le contrat d’armement passé par le gouvernement australien à Naval Group, alors surnommé par la presse le « contrat du siècle », est rompu, exigeant une refonte de la stratégie française dans la région.
En effet, cette rupture du contrat symbolise également l’étiolement de l’ambition française d’un triangle de stabilité en Indo-Pacifique, empruntant la forme d’un axe Paris – New Delhi – Canberra. En amont de l’annonce AUKUS, l’Australie était au cœur de la stratégie française en Indo-Pacifique. L’histoire même de la naissance de la stratégie de la France dans la région témoignait de ce primat accordé au partenaire australien. Sur les trois discours présidentiels de 2018 considérés comme fondateurs pour la stratégie Indo-Pacifique de la France, deux se sont tenus en Australie, à savoir : la déclaration du 2 mai 2018 sur les relations entre la France et l’Australie à Sydney et le discours du 3 mai 2018 à Garden Island, base navale de Sydney. En 2019, le Ministère des Armées qualifiait alors l’Australie de « grand partenaire » aux côtés de l’Inde, affirmant souhaiter « agir de concert avec l’Australie » pour pacifier la région. « Camouflet diplomatique » ayant engendré une crise de confiance, AUKUS signe ainsi la fin de ce triangle stratégique et sécuritaire. Au-delà de cette crise de confiance, AUKUS entraîne, dans son sillage, un écaillement de la crédibilité et de la lisibilité du positionnement de la France en Indo-Pacifique. Les cartes sont redistribuées, et la France doit repenser son jeu…