Géopolitique de la nouvelle Amérique latine. Pensées stratégiques et enjeux politiques

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La conjoncture des années 1990‐2010 a façonné une nouvelle Amérique latine. Pour un continent dont l’histoire a fait une dépendance, une périphérie, voire une arrière‐cour des puissances du moment, la fin de la guerre froide a ouvert des espaces de liberté diplomatique. Elle a levé les contraintes de la bipolarité et flexibilisé une gouvernance jusque‐là contrainte par les fortes pressions exercées par le voisinage de la superpuissance américaine. Pour rompre avec cette tendance bi‐séculaire de dépendance et de périphérisation, les pays latino‐américains ont élargi le champ de leur souveraineté et diversifié leurs dépendances. Les Etats d’Amérique du sud ont trouvé un partenariat porteur avec les Asiatiques, la Chine et la Russie. D’autres coopérations ont été ouvertes avec des pays du sud, africains et arabes.

Cet effort d’affirmation a pu s’appuyer sur un récit collectif fabriqué dans toute l’Amérique latine dès les indépendances, contribuant à consolider l’image d’un collectif uni par la langue et la culture, victime d’agressions extérieures, aspirant à une reconnaissance et au respect. Diverses doctrines de protection souveraine ont été inventées en Amérique latine et du sud pour interdire, ou à défaut contenir l’ingérence. Tous ont usé du droit international comme recours en garantie d’égalité souveraine. Les Etats sud‐américains ont cherché à équilibrer une influence extérieure jugée indésirable en le mettant en concurrence avec une autre. Certains gouvernements ont également pu pratiquer la soumission volontaire, conçue comme seule politique permettant de limiter les ingérences…

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