Notes / Observatoire Défense et Climat
29 novembre 2023
Géo-ingénierie solaire : enjeux géostratégiques et de défense
Dans son 6e rapport d’évaluation, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) alerte sur la forte probabilité de dépassement du seuil d’augmentation de température de 1.5°C depuis la période préindustrielle d’ici la fin du siècle (GIEC, 2022, v.). La trajectoire d’émission de gaz à effet de serre (GES) actuelle, qui devrait nous mener à un dépassement de ce seuil avant 2030, se traduit déjà par une insécurité climatique extrêmement forte. En témoigne la multiplication des aléas météo-climatiques qui ont frappé tout autour du globe au cours de l’année 2023, poussant le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à déclarer : « L’effondrement climatique a commencé » (Libération, 2023, 6 septembre).
Cet échec de la communauté internationale à mettre en place des politiques efficaces et tangibles d’atténuation a suscité un regain d’intérêt pour le développement de « solutions », soit des réponses technologiques aux changements climatiques – à l’instar de la géo-ingénierie climatique : un ensemble de techniques devant permettre l’intervention à grande échelle sur le système climatique, dans le but d’atténuer les changements climatiques et/ou d’en réduire les effets. La géo-ingénierie s’articule autour de deux grandes familles, regroupant elles-mêmes des techniques et pratiques diversifiées : d’une part, l’extraction du CO2 présent dans l’atmosphère (« carbon dioxyde removal », ou CDR) et d’autre part, la modification du bilan radiatif, souvent assimilée à une modification du rayonnement solaire (« solar radiation management », ou SRM), cherchant à compenser l’augmentation de la température moyenne globale par une diminution du rayonnement absorbé par la Terre (GIEC, 2022, 168)…