Septembre 2019
Relations franco-russes : la culture, ce qui reste après l’orage ? / Jean De Gliniasty
[EBOOK] Doit-on craindre la Chine ? Les attributs de la puissance chinoiseRIS 115 – AUTOMNE 2019
Les relations entre le Royaume de France et la Rous’ kiévienne remontent au XIe siècle, après que le grand-prince de Kiev, Iaroslav le Sage, eut donné en mariage sa fille, Anne, au roi de France Henri Ier – ses autres filles se marièrent avec le roi de Norvège et le roi de Hongrie. Directement irriguée par Byzance et encore proche de ses racines scandinaves, la Russie kiévienne constitue alors un pôle de civilisation. Au même moment en France, les Capétiens émergent péniblement du Moyen Âge. Après la mort de son mari, Anne Iaroslavna épousa un aristocrate français, ce que ne lui pardonna pas son fils, Philippe, futur roi de France – dont le prénom, introduit pour la première fois à la cour, est un héritage direct de Byzance. L’hiver mongol, qui n’a véritablement pris fin qu’avec la prise de Kazan par Ivan le Terrible en 1552, a ensuite gelé les relations franco-russes, et ce n’est qu’à la fin du XVIe siècle que le nouveau tsar, Fédor, envoie un émissaire à Henri III, qui lui répond en missionnant un représentant chargé de négocier des privilèges commerciaux. Tout au long du XVIIe siècle, les rapports restent épisodiques et il faudra attendre le XVIIIe siècle pour parler de la naissance d’une relation bilatérale continue, illustrée par l’installation d’ambassades permanentes en 1717, décision prise en marge de la visite triomphale de Pierre le Grand à Paris. Ce dernier avait déjà visité une partie de l’Europe anonymement en 1697 et le roi Louis XIV n’avait alors pas voulu recevoir ce représentant d’« une nation méprisée et entièrement ignorée pour sa barbarie. » [1] Entre-temps, Pierre Ier avait battu la Suède, et la Russie apparaissait comme un des nouveaux éléments de la géopolitique européenne. Le tsar, au cours de son premier voyage en Europe, avait étudié l’artillerie en Prusse, la construction navale aux Pays-Bas et la science en Angleterre. Son voyage de trois mois en France, en 1717, avait eu une tournure autant technique que culturelle (visite des Gobelins, de la Bibliothèque royale, de l’Académie des sciences, de caves en Champagne, etc.).
De fait, dans la modernisation de la Russie lancée par les Romanov, la France a pris dès le début une place à part, dans laquelle la culture a occupé un rôle prépondérant. Alors que la Prusse avait servi de modèle militaire, l’Angleterre de modèle industriel et commercial, la France – et l’Italie pour les arts plastiques – a en effet joué un rôle intellectuel et culturel plus marqué. Cette influence, tout d’abord confortée pendant la période « philosophique » de Catherine II, a survécu au rejet violent par la tsarine de tout ce qui était français après la mort de Louis XVI, s’est ensuite amplifiée après l’invasion napoléonienne et l’occupation de Paris en 1814, et a finalement résisté à la guerre de Crimée (1853-1856). À la veille de la Révolution de 1917, il était ainsi de bon ton, non seulement au sein de l’aristocratie, mais aussi au sein de la moyenne voire de la petite bourgeoisie, de parler français et de connaître la culture française. Cette intensité de la relation culturelle, devenue réciproque à la veille de la Première Guerre mondiale (mode de la musique, de la peinture, des ballets et de la littérature russes en France), a permis de « gommer » les aspérités d’une relation bilatérale très chahutée par ailleurs – rapports qui se vérifient encore aujourd’hui.
Le retour de la France dans le commandement intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a rapidement eu des conséquences sur sa relation avec Moscou. Après l’annulation de la livraison à la Russie des navires de guerre « Mistral », la France – quoique sa principale victime – est devenue petit à petit un des avocats les plus décidés du maintien du système de sanctions prises en réponse à l’annexion de la Crimée et à l’intervention russe dans le Donbass en 2014. L’impasse en Ukraine se prolonge depuis et la logique du lien entre les sanctions et l’application pleine des accords de Minsk, qui donne à Kiev un droit de veto sur l’amélioration de la relation avec la Russie, n’a pas été rompue. Des chars français croisent à 200 kilomètres de Saint-Pétersbourg, à la suite de la décision de l’OTAN, prise à Varsovie en juin 2016, de maintenir une présence tournante dans les pays baltes craignant une éventuelle invasion russe. Le président Hollande avait menacé Vladimir Poutine de faire appel à la Cour internationale de justice (CIJ) pour condamner les bombardements russes à Alep, considérés comme un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité. Les intérêts des deux pays se heurtent également en République centrafricaine depuis 2017. Et Emmanuel Macron, le président français depuis cette même année, voit une « main de Moscou » hostile dans la couverture médiatique de Russia Today ou de Sputnik France, tandis que les quelques initiatives de début de mandat – l’invitation à Versailles de V. Poutine et le lancement du Dialogue de Trianon – n’ont eu que des effets limités, en dehors du domaine culturel. L’idée, jugée intéressante par Moscou, d’une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe pour succéder aux accords d’Helsinki, a été soumise à tant de conditions – application des accords de Minsk et accords des États membres de l’Union européenne (UE) – qu’elle est entrée en léthargie.
Cette aggravation de l’état de la relation bilatérale se produit dans un contexte international dépourvu de tous les dispositifs de sécurité qui existaient du temps de la guerre froide : dénonciation par les États-Unis, soutenus par l’OTAN, du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) qui limitait les déploiements nucléaires en Europe ; suspension par la Russie du traité de 1990 restreignant les forces conventionnelles en Europe et « respiration artificielle » du Document de Vienne 1999 de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui en assurait les mesures de confiance ; application a minima du traité « Ciel ouvert » permettant de survoler, après un bref préavis, le territoire de l’adversaire potentiel, etc. De nombreux observateurs s’attendent également à une dénonciation états-unienne du traité New Start de réduction des armements stratégiques signé par Barack Obama en 2010, ce qui marquerait la relance de la course aux armements nucléaires. De fait s’opère un retour à la guerre froide sans les filets de sécurité qui avaient été laborieusement institués à l’époque. Dans cette atmosphère délétère, la France est en première ligne et n’exerce plus le rôle traditionnel d’entremise, de médiation et d’apaisement des tensions. Comment en est-on arrivé à un tel point dans la relation bilatérale ?
La disparition, en France, des grands partis attachés à la relation avec la Russie a joué un rôle très important dans cette dégradation. À droite, le Rassemblement pour la République (RPR), héritier du gaullisme et de ses traditions plutôt ouvertes à la Russie, s’est fondu en 2002 avec l’Union pour la démocratie française (UDF) – centriste, européen et plutôt réservé sur la question des relations à la Russie – sur la base d’un projet européen dans lequel la Russie était, en quelque sorte, complètement mise de côté. À gauche, la quasi-disparition du Parti communiste a fait perdre à la Russie son meilleur soutien, tandis que persistait la réticence traditionnelle des socialistes envers un pays dont les performances en matière de droits de l’homme et de démocratie étaient toujours sujettes à caution. Seules la vision de quelques hommes d’État, comme François Mitterrand ou Jacques Chirac, et la poursuite en pilotage automatique de l’héritage gaulliste ont occulté ce phénomène. Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, en 2009, a mis un point d’orgue à cette évolution, même si les liens noués par Nicolas Sarkozy avec les dirigeants russes, ainsi que le rôle personnel du président français dans l’apaisement de la crise géorgienne, ont maintenu une relation positive fondée sur le réalisme, à laquelle les présidences suivantes ont toutefois mis fin. En effet, les thèmes issus de la révolution néoconservatrice états-unienne prédominent actuellement à Paris : la défense et l’illustration de la démocratie occidentale, la promotion des droits humains et des libertés individuelles, y compris ceux des femmes et des minorités sexuelles, le souci de protéger les populations civiles contre leurs régimes dictatoriaux, etc., sont devenus des moteurs importants de la politique étrangère française, suscitant parfois l’incompréhension de Moscou, où le raisonnement est plutôt froidement stratégique.
De façon plus générale, la société française a aussi évolué. La puissance douce états-unienne, la longue période unipolaire accompagnée de l’attractivité de son modèle et de ses succès économiques, scientifiques et culturels ont contribué à affaiblir l’intérêt des Français à l’égard de la Russie. Tout comme en politique étrangère, le désir messianique de répandre les valeurs occidentales et de punir ceux qui ne s’y plieraient pas a contribué à creuser le fossé entre la France et la Russie.
De son côté, la Russie a également connu, à la chute de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), un incroyable engouement pour le chef de file du monde occidental. La « thérapie de choc » imposée à l’économie russe par les experts de l’École de Chicago, l’irruption de l’économie de marché et du « business », ou encore le raz-de-marée provoqué par le soudain accès à la culture états-unienne – voir le succès des blockbusters à Moscou –, ont mis fin à la longue période pendant laquelle la France a eu, après la visite du général de Gaulle en 1966, le quasi-monopole du contact des Russes avec la société occidentale. Surtout, comme en France, le fondement culturel de cette relation s’est érodé à mesure de l’affaiblissement du système scolaire et de la disparition du socle de culture historique et littéraire que l’école soviétique avait su donner à ses élèves, et qui était largement tourné vers la France.
Mais d’autres éléments ont aussi joué un rôle : la Russie a tenu compte de l’affaiblissement relatif de l’économie française par rapport à l’Allemagne et de la volonté française, en tout cas avec François Hollande puis Emmanuel Macron, de ne rien faire sans l’Allemagne dans la relation avec la Russie. Si l’Ostpolitik de Willy Brandt avait suivi le thème de « la détente, l’entente et la coopération » mis en avant par le général de Gaulle, Moscou semble arriver à la conclusion que c’est l’Allemagne qui donnera cette fois au sein de l’Europe le « la » d’une éventuelle normalisation. Estimant que la France ne pourra plus jouer comme avant son rôle « transgressif », comme du temps du communisme, Moscou se tourne d’abord vers Washington – au risque d’essuyer des rebuffades – et Berlin, perçus respectivement comme les chefs du monde occidental et de l’UE. La France garde certes son importance, mais ne joue finalement qu’un rôle d’appoint.
Traditionnellement, la France, qui n’est pas une grande nation commerçante, n’a jamais été, même aux grands moments d’avant la Première Guerre mondiale, un partenaire commercial majeur de la Russie comparée à l’Allemagne, l’Italie, voire la Grande-Bretagne, ou aujourd’hui la Chine. Comme souvent, elle est davantage un investisseur ou un partenaire financier qu’un exportateur. Les emprunts russes ont suffisamment témoigné de cette particularité (9 800 millions de francs-or s’ajoutant à 1 650 millions d’investissements directs en 1914, selon l’historien Pierre Renouvin [2]).
Actuellement, la France reste, après le Royaume-Uni, le deuxième investisseur étranger en flux en Russie (et le troisième en stock avec plus de 15 milliards de dollars fin 2017) – si l’on ne compte pas les Pays-Bas, qui possèdent de nombreux sièges de sociétés françaises, ni les pays à régime fiscal privilégié qui recyclent les capitaux russes. La France a même occupé en 2016 et 2017 la première place du classement des investisseurs étrangers en Russie en flux. La présence de grandes entreprises françaises sur le marché russe entretient, malgré la crise des relations bilatérales, un flux permanent d’investissement : AvtoVAZ, premier producteur russe de voitures, est aux mains de Renault-Nissan ; Auchan est le premier employeur étranger en Russie ; AccorHotels est massivement implantée ; la Société Générale (Rosbank) est la première banque privée étrangère du pays ; Total a engagé un énorme investissement (27 milliards de dollars) dans l’usine de gaz liquéfié de Yamal ; Air Liquide, Danone, etc. Mais ce flux est progressivement asséché par les sanctions financières états-uniennes, respectées par les banques françaises terrorisées par l’amende de 9 milliards de dollars infligée par le Trésor américain à BNP Paribas en 2014 pour non-respect des sanctions de Washington contre l’Iran. Le projet de Yamal, boycotté par les banques françaises, n’aurait pu se faire sans le recours, avec des contreparties, à des financements chinois. Il est désormais quasiment impossible à un investisseur russe d’ouvrir un compte dans une banque française et la plupart des investisseurs français en Russie doivent compter sur leurs fonds propres ou sur des financements locaux ou chinois. L’expansion de la France dans le pays est donc grandement freinée, même si la Russie est aussi, par conséquent, ralentie dans la modernisation de son économie.
Dans le même temps, les exportations françaises, qui sont toujours restées aux alentours de 5 % du marché russe, ont particulièrement souffert des sanctions. Entre 2013 et 2017, la France est un des seuls pays de l’UE, avec la Pologne et le Royaume-Uni à avoir vu ses exportations de biens diminuer significativement (-35 % selon les chiffres russes [3]). Toutes continuent pourtant de croître : étatsuniennes, japonaises, allemandes, néerlandaises, etc., conséquence du contre-embargo russe sur les produits agroalimentaires qui touche particulièrement les produits français – bien qu’il épargne les vins et les alcools. L’agriculture russe a fait un bond colossal pour approvisionner le marché privé des importations européennes et la Russie, qui était le deuxième importateur de viande de porc au monde en 2013, a commencé à en exporter en 2018. Mais surtout, la réduction de moitié des échanges commerciaux – de 20 milliards de dollars environ en 2013 à 10 milliards en 2016 – s’est faite au détriment de la France, qui importe bon gré mal gré 25 % de son approvisionnement en gaz depuis la Russie. La remontée des échanges à 17 milliards de dollars en 2018 ne marque qu’un léger rebond des exportations françaises et est plutôt due aux importations incompressibles d’hydrocarbures à des prix croissants.
Les Russes se plaisent à remarquer que l’alliance russe a toujours réussi à la France et qu’au contraire, l’opposition entre les deux pays lui a souvent été préjudiciable. Napoléon aurait régné sur l’Europe avec Alexandre Ier sans la campagne de Russie ; grâce à l’habileté de Talleyrand et au tsar, la France a échappé au dépècement de son territoire promis par le Congrès de Vienne après les Cent-Jours. La France n’aurait pas été isolée face à la Prusse en 1870 si elle n’avait pas suivi l’Angleterre en 1854 dans la guerre de Crimée contre la poussée russe vers l’Orient. Elle n’aurait pas été envahie par les nazis si elle avait accepté l’offre d’alliance des Soviétiques dans l’entre-deux-guerres. En revanche, la bataille de la Marne a été gagnée grâce à l’offensive Samsonov-Rennenkampf, improvisée par le tsar à la demande de Joffre, qui a obligé les Allemands à transférer d’urgence une partie de leurs effectifs vers l’est. La visite du général de Gaulle à Staline, en 1944, aurait consacré la France dans son statut de vainqueur de la Seconde Guerre mondiale et de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, tandis que le voyage du président, en 1966, aurait donné à la France un statut international spécial que ni son économie, ni son armée, ni son siège au Conseil de sécurité n’auraient pu à eux seuls lui assurer.
Il y a bien sûr du vrai dans tout cela, car il est certain que la France a souvent su passer outre ses réticences idéologiques quand ses intérêts sécuritaires étaient en jeu. La IIIe République laïque et franc-maçonne, unissant radicaux et droite traditionaliste, s’est alliée sans ciller au tsar Alexandre III – pourtant autoritaire, antisémite et oppresseur de la Pologne catholique – lorsqu’il s’est agi de mettre fin à son isolement face à l’Allemagne. Les gouvernements français, quels qu’ils soient, ont toujours dû affronter une opinion éclairée ou des alliés plutôt hostiles au rapprochement avec la Russie. Même le président Hollande, devant l’évolution inquiétante de la crise ukrainienne, avait su s’opposer à Barack Obama, inviter Vladimir Poutine et organiser une réunion avec Angela Merkel, Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko, créant le « format Normandie » [4], et rendant possible ensuite la signature des accords de Minsk.
Le gouvernement actuel a globalement maintenu les canaux de dialogue, sans oser transgresser le consensus occidental. Il est regrettable que les initiatives politiques prises par le président de la République pour régler avec la Russie les principaux problèmes de sécurité que la France affronte, dans lesquels Moscou est partie prenante – l’Ukraine, la Syrie, le djihadisme, l’environnement ou encore le traitement de la Chine –, n’aient pas abouti. L’idée d’une nouvelle architecture de sécurité en Europe pour fixer de nouvelles règles du jeu et garantir les frontières des États issus de la chute de l’URSS n’a pas eu de suite jusqu’à présent, malgré les signes d’intérêt manifestés par Moscou. Le contact entre les membres du processus d’Astana (Russie, Turquie, Iran) et le « small group » réunissant les États arabes anti-Assad et leurs alliés occidentaux n’a pas – encore ? – porté de fruits concernant le règlement de la crise syrienne.
Si le dialogue politique continue et connaît aujourd’hui encore une nouvelle impulsion, force est de constater, une fois de plus, que seul le « fil » culturel fonctionne bien et que le Dialogue de Trianon, décidé lors de la visite de V. Poutine à Versailles en 2017, même sans impulsion politique significative, se développe bon an mal an à la satisfaction des deux parties. Mais il ne faut pas s’y tromper, cette proximité est désormais résiduelle au sein des populations française et russe, acquise en majorité à une modernité qui n’est plus incarnée forcément par la France. Vive la relation culturelle franco-russe donc, mais en attendant mieux.
- [1] Saint-Simon, Mémoires, tome 2, 1698, chap. 6.
- [2] Pierre Renouvin, « Les relations franco-russes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle [Bilan des recherches] », Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 1, no 1, mai 1959, p. 136 et p. 140.
- [3] En pourcentage des chiffres d’affaires des exportations de biens, selon les chiffres publiés en mars 2018 par la Banque centrale russe.
- [4] Expression formulée par la journaliste états-unienne Rahma Sophia Rachdi (« Normandy Model »), qui désigne ainsi la réunion semi-officielle organisée par François Hollande le 6 juin 2014 lors de la commémoration du débarquement allié : elle réunit les deux belligérants de la guerre du Donbass, l’Ukraine et la Russie, ainsi que la France et l’Allemagne. La dernière édition de ce processus diplomatique s’est tenue le 11 juin 2018, de nouveau en Normandie.