Quand le football s’accorde au féminin

3 min. de lecture

Il existe une forte persistance de préjugés à l’égard des joueuses, arbitres, entraîneuses, encadrantes
ou dirigeantes, encore souvent considérées comme étrangères à ce milieu, illégitimes, a priori incompétentes et tout simplement « pas à leur place » du fait de leur sexe. Ce phénomène s’entasse sur le problème des violences faites aux femmes, qui n’épargne pas le football et dont la défiance vis-à-vis des LGBT est un ressort. Persiste également un déficit de médiatisation des compétitions féminines et des sportives, tant qualitativement que quantitativement ; sans oublier l’autocensure des femmes elles-mêmes.

S’interroger sur la féminisation du football implique donc de se pencher sur les facteurs favorisant discriminations et inégalités des genres dont les fondements et manifestations structurels et institutionnels sont historiques, sociologiques, économiques et religieux.

S’interroger sur la féminisation du football revient également à étudier les progrès et les leviers des progrès engagés sur le court et long terme. Se questionner sur la féminisation du football conduit donc également à regarder les évolutions que le monde du football a pu connaître au cours des dernières décennies mais surtout à envisager son avenir, ses tendances et les réformes à porter pour qu’un vrai changement, durable, se mette en œuvre.

Étudier les enjeux liant les questions de genre et du football est ambitieux et ce rapport n’entend, évidemment, pas relever seul ce défi. Ce travail doit, au contraire, s’inscrire dans une démarche plus large, qui le dépasse, permettant de donner à chacune de ces problématiques la pleine place et le traitement complet et exhaustif qu’elle mérite. En d’autres termes, ce rapport n’est en aucun cas un point final venant sceller la recherche et la réflexion sur ce sujet si complexe. Bien au contraire, ce rapport est un point d’étape tentant d’apporter de nouvelles réflexions, modestes, au travail actuellement mené par des universités, des organismes de recherche ou des organisations nationales et internationales, notamment non gouvernementales. Dans cette même optique, bien que des efforts considérables aient été déployés pour recueillir des témoignages de divers acteurs représentant les approches culturelles propres à chaque région, ce rapport ne peut revendiquer qu’une perspective européenne.

Pour l’UNESCO, ce rapport contribue à enrichir les deux axes d’action suivants : l’établissement de « l’Observatoire sur les femmes, le sport, l’éducation et l’activité physiques » qui est la mise en œuvre de l’action 4 du « Plan d’action de Kazan »1 reconnu par l’ONU en 20182 ; la coédition, avec ONU Femmes, d’un guide pratique à l’attention d’organisations sportives pour combattre les violences à l’égard des femmes et liées au genre.

Avec ce rapport, l’UNESCO, l’IRIS et l’UNFP espèrent donc contribuer à informer et faire avancer un débat important. Nous sommes convaincus que le changement de regard porté sur les femmes dans le football et plus largement dans le sport n’est possible qu’avec la multiplication d’initiatives, à l’image de ce rapport, venant mettre en exergue les enjeux, variés et complexes, que cette féminisation sous-tend. En ce sens, ce rapport n’est qu’un nouveau point d’étape dans la mobilisation de parties prenantes et partenaires pour l’égalité des genres.