Questions à… François-Bernard Huyghe, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques
« Oui, c’est dans leur logique délirante de compensation du sang versé. Les gens qui persécutent l’islam selon eux, les juifs et les croisés, doivent ressentir ce qu’ils font vivre aux musulmans de Palestine, d’Afghanistan… »
« D’après les chiffres qu’on peut connaître, ils seraient moins d’une cinquantaine de Français à avoir fait des voyages terroristes dans un pays du djihad. Mais comme ils le font clandestinement, en voyageant par des pays intermédiaires, ils sont difficiles à repérer. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), malgré tout, les surveille et procède de temps en temps à des coups de filet, comme en mai 2011 (sept personnes avaient été arrêtées). Mais il existe des restrictions juridiques et les services doivent disposer d’éléments précis avant d’intervenir, pour savoir si la personne concernée est une "simple" sympathisante du djihad ou s’il s’agit d’un élément dur, radical, qui peut justifier une intervention. »
« Tant qu’il n’est pas passé à l’acte, il n’est pas possible de l’arrêter. A fortiori dans ce cas-ci car il a agi en solitaire, peut-être avec l’aide de son frère, et qu’il ne se faisait pas remarquer dans des mosquées surveillées. »
« Je ne le pense pas car Al-Qaïda était isolé déjà bien avant la mort de Ben Laden, qui refusait tout contact depuis longtemps. Les organisations terroristes d’Aqmi et de Boko Haram, qui sont redoutables, n’ont qu’une affiliation formelle avec Al-Qaïda, qui est devenu une coquille vide, un nom que tout le monde veut reprendre, mais c’est tout. »
« D’abord à cause de notre présence en Afghanistan, même si nous ne sommes pas les seuls. Ensuite, les lois dites laïques, sur la burqa par exemple, ont suscité une grande incompréhension. Et puis il y a la politique africaine de la France, au Mali par exemple, et des choses qui remontent à l’époque de la Françafrique. »
« Un retrait plus rapide n’apaisera pas la haine ressentie contre la France et notre image ne changera pas. Si les troupes se retiraient plus vite, cela serait au contraire interprété comme une grande victoire symbolique et on ne serait pas à l’abri d’autres actions terroristes. »