Profitant de la présence du président afghan, Hamid Karzaï, Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi 27 janvier l’accélération du calendrier de rapatriement des troupes françaises combattantes déployées en Afghanistan. Selon les déclarations du chef de l’État, le retrait sera achevé dès la fin de 2013, soit une année plus tôt que le terme officiel de 2014 jusque-là retenu par l’Otan.
Alors que François Hollande préconise un retrait total dès la fin 2012, la décision du chef de l’État, motivée par la mort de soldats français tués par des militaires afghans, change-t-elle vraiment quelque chose à la situation militaire en Afghanistan? Élément de réponse avec Jean-Pierre Maulny, spécialiste de la politique de défense de la France et directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Tout cela n’est pas très clair. On nous annonce le retour de 1000 soldats dès 2012, alors que 400 d’entre eux sont déjà revenus.
Selon mes calculs, ce retrait anticipé ne le sera en réalité que très légèrement. Auparavant, le calendrier prévoyait un rapatriement total pour 2014, mais on n’avait jamais précisé le mois. Selon moi, si anticipation du calendrier il y a, elle ne sera que de quelques mois. Pas plus.
Les troupes françaises basées en Afghanistan sont en situation de guerre. Parler de leur sécurité n’a donc pas de sens. On peut toutefois se poser la question de la sécurité des militaires chargés de former l’armée afghane, c’est-à-dire l’essentiel du travail de l’armée française en Afghanistan. Pour elles, l’accélération du calendrier ne changera pas grand chose, tant elle est marginale. Je doute d’ailleurs que ce retrait anticipé pose problème auprès de nos alliés.
Rarement. L’Afghanistan est une exception à cause du nombre de morts ces derniers mois et du fait que le processus de retrait est déjà enclenché. Mais accélérer le retrait de nos troupes ne se fait pas comme ça. Le problème n’est pas simplement de rapatrier des hommes mais tout le matériel. Il y a près de 1000 véhicules, dont des camions blindés, près de 1500 conteneurs à rapatrier. C’est pour cela que la proposition de François Hollande n’est pas inenvisageable mais difficile à mettre en oeuvre. Le retrait suppose un pont aérien à partir de Kaboul alors même que la route du Pakistan est fermée. Et il y a toujours la crainte d’un embouteillage à l’aéroport Kaboul car les États-Unis aussi ont entamé leur retrait.