Il y a une montée réelle de la tension et une part de bluff. Les menaces dirigées contre l’Iran par Israël, soutenues aux Etats-Unis par une partie du Congrès, se trouvent à l’origine de ces événements. Barack Obama est opposé à une intervention militaire d’Israël mais sa marge de manœuvre est faible car, en cette période pré-électorale, il doit afficher beaucoup de fermeté face à l’Iran. Pour satisfaire son opinion publique, même s’il veut éviter le conflit, il doit durcir le ton. D’où les sanctions économiques et les menaces militaires. Ces sanctions pèsent sur l’économie iranienne. L’Iran éprouve désormais des difficultés à vendre son pétrole au prix du marché. En réponse, il y a une volonté de provocation de la part de l’Iran qui dit clairement : si vous nous touchez, nous fermons le détroit d’Ormuz. Environ 40 % du pétrole mondial passe par là. Une fermeture du détroit précipiterait l’économie mondiale dans le chaos économique, avec une explosion du prix du baril qui viendrait impacter des économies occidentales déjà au bord de la ruine.
Si les Israéliens frappent, ils auront le soutien des Républicains et d’une partie des Démocrates au Congrès. Mais, en revanche, ce sera plus compliqué avec l’état-major. Le Pentagone est opposé à une frappe militaire sur l’Iran qui déstabiliserait la région et plongerait le monde dans des difficultés économiques et stratégiques. Pour Israël, frapper l’Iran constituerait un choix hasardeux. L’état-major israélien est conscient que cela serait source de difficultés diplomatiques et n’apporterait pas une bonne solution à long terme. On peut penser qu’il y a aussi une part de bluff côté israélien.
Dans ce genre de configuration, parfois, il y a accident, mauvais calcul, logique qu’on ne contrôle plus. C’est pourquoi un affrontement militaire reste possible. On ne peut pas écarter cette hypothèse.
Les Iraniens veulent-ils réellement se doter de l’arme nucléaire ? Ils s’en rapprochent mais ce n’est pas pour demain. Il leur faudra des mois peut-être même une poignée d’années, avant d’avoir la capacité nucléaire militaire. Cela laisse du temps à la négociation.