Les idéologies d’Anders Behring Breivik l’ont amené à commettre l’irréparable : entraîner la mort de 93 personnes dans un double attentat à Oslo, vendredi. Ce Norvégien de 32 ans appartenait au Parti du progrès, une formation d’extrême droite. Selon Jean-Yves Camus, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’extrême-droite, ce passage à l’acte reflète une généralisation du "discours islamophobe" en Europe.
Il y a naturellement un problème qui se pose, celui du climat dans lequel nous baignons depuis plusieurs années, notamment sur toutes les questions liées à la présence de l’islam en Europe. Le discours islamophobe se généralise, avec des théories sur l’arabisation de l’Europe et la colonisation de l’Europe par l’Islam. On peut retrouver les idées présentes dans le manifeste écrit par Breivik dans des livres qui ont l’apparence du sérieux. Il y a un moment donné où certaines personnes considèrent que des formations comme le Parti du progrès ne sont plus suffisantes pour mener le combat. Ils choisissent donc de le faire par des moyens plus radicaux.
Il voulait en finir avec l’immigration et le multiculturalisme. Il espère un changement radical, de style révolutionnaire, qui permettrait de revenir à un pays où l’immigration serait bannie, où l’Islam ne serait plus présent. Il avait en outre une détestation globale de l’ensemble des élites politiques et économiques de son pays et des élites de l’Europe. Ces idéologies sont beaucoup plus présentes et beaucoup plus centrées sur la question du multiculturalisme et la présence de l’Islam en Europe depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il y a eu incontestablement un changement de paradigme.
Les socialistes norvégiens sont de bons sociaux-démocrates qui ont laissé cette idéologie de côté depuis longtemps. Mais le marxisme est depuis toujours l’adversaire de l’extrême droite.
Il s’agit d’une formation démocratique qui participe aux élections. Elle exclut tout passage à la lutte armée. C’est un parti né dans les années 70 comme une protestation contre l’Etat providence. Petit à petit, ce mouvement s’est transformé parce que l’immigration est devenue son sujet prioritaire. Aujourd’hui, ses chevaux de bataille sont l’opposition à l’immigration, et en particulier à l’Islam et au multiculturalisme.
Dès que les faits ont été connus, le Front national a tout de suite mis en garde contre les possibles utilisations abusives. Bruno Gollnisch a publié un communiqué expliquant qu’il craignait, je le cite, un "nouveau Carpentras*". Il est bien évident que pour le Parti du progrès d’abord, et pour l’ensemble de la famille politique des droites populistes, c’est loin d’être un élément de gain de crédibilité.