• Interview de [Jean-Yves Camus->http://www.iris-france.org/cv.php?fichier=cv/cv&nom=camus], chercheur associé à l’IRIS, par Vincent Vantighem

Comment analysez-vous ce résultat ?

Il est bien supérieur aux prévisions. C’est la preuve que le score décevant de 2007 était atypique alors qu’on l’a présenté comme la fin du FN.

C’est-à-dire…

Depuis 1988, le FN fait plus de 15% aux élections présidentielles. 15% en 1988. 15% en 1995. 17% en 2002. Et 18% aujourd’hui. Elle renoue avec la progression que le parti entretenait avant l’échec de 2007.

Quels enseignements pouvez-vous en tirer ?

D’abord, cela valide la manière dont Marine Le Pen conduit le parti et surtout l’image qu’elle en donne à l’extérieur. La dédiabolisation du parti, c’est dans l’œil des observateurs. Son programme reste sur les fondamentaux du parti.

Peut-elle viser plus haut à l’avenir ?

Dans plusieurs pays européens, des partis similaires font plus de 20% aux élections principales… Depuis des années, le FN donne des coups de bélier dans la porte du pouvoir sans pouvoir l’enfoncer. Derrière, la défense tient. Mais il suffit d’une brèche pour que les intrus entrent dans le château.

Comment les voix du FN vont-elles se reporter au second tour ?

40% des électeurs voteront pour Nicolas Sarkozy en raison de leur détestation ultime de la gauche. Environ 20% voteront au contraire pour Hollande car ils s’estiment trop déçus de Nicolas Sarkozy. Les autres s’abstiendront. Il faudra voir les consignes données par Marine Le Pen lors du rassemblement du 1er-Mai. Mais selon toute vraisemblance, elle devrait renvoyer les deux candidats dos à dos.