La situation de l’Otan en Afghanistan ne s’améliore pas. Les talibans actifs dans quatre provinces il y a quatre ans le sont dans trente-trois (sur trente-quatre) aujourd’hui. Ils ont procédé à 630 attaques armées en août 2009 contre 1350 le mois dernier…
Les responsables occidentaux, confiants en public, avouent leur pessimisme en privé. La supériorité militaire de l’Otan rend une défaite impossible, mais la victoire paraît plus qu’improbable. L’incurie du gouvernement Karzaï rend illusoire la perspective de transfert des responsabilités à l’armée afghane. Une présence militaire occidentale prolongée est donc le scénario le plus probable.
Cet enlisement annoncé n’a pas encore suscité un véritable débat en France. Contrairement à la guerre d’Irak, celle d’Afghanistan paraissait légitime à l’ensemble du spectre politique. Ce soutien résistera-t-il à l’épreuve du temps, sans perspective de victoire? Le gouvernement dit que se retirer serait taire le jeu du terrorisme et serait immoral car laissant la population afghane, notamment les femmes, en otage aux talibans. L’opposition est gênée et ne veut pas être accusée de complicité involontaire avec les talibans. Ces arguments sont forts, mais se heurtent à des réalités dérangeantes.
La prolongation de la guerre ne renforce-t-elle pas la légitimité des talibans aux yeux d’une partie des Afghans ? On ne peut confondre les talibans et Al-Qaïda, dont l’Afghanistan n’est plus désormais le sanctuaire. Comment réagir si Karzaï passe un accord avec les talibans pour sortir de l’impasse où il est ? La liberté des femmes est une noble cause, mais elle n’est pas respectée, en Afghanistan, elle est niée dans d’autres pays contre lesquels on ne va pas faire la guerre. La guerre n’a d’ailleurs jamais été un instrument de la libération des femmes.