La tension monte d’un cran entre l’Iran et l’entité sioniste. Des craintes majeures entourent l’architecture géopolitique mais aussi le marché pétrolier. Des bouleversements risquent de survenir.
Joint par nos soins, Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS (Paris) affirme que «les attaques de l’Iran contre Israël ont eu lieu dans la nuit du 13 au 14 avril alors que les marchés pétroliers étaient fermés» , précise-t-il. Les prix du pétrole «avaient déjà augmenté dans les derniers jours en anticipation de ce qui pourrait se passer depuis les frappes israéliennes contre le consulat iranien à Damas, anticipations renforcées par les avertissements fondés des services de renseignement américains sur l’imminence de représailles de l’Iran». Pour les prochains jours, le spécialiste en questions énergétiques distingue deux scénarios possibles. «Les traders estiment que les attaques iraniennes sont la fin, au moins temporaire, de l’affrontement Iran/Israël et les prix du brut ne continuent pas à progresser», souligne M. Perrin.
Pour le second scénario, «les traders anticipent une riposte israélienne aux attaques iraniennes et l’on rentre dans un cycle attaques/représailles dans une région, le Moyen-Orient, qui est au cœur du système pétrolier mondial». Dans ce cas, «les cours du pétrole pourraient progresser de plusieurs dollars, voire se rapprocher du seuil symbolique des $100 par baril». Enchaînant, M. Perrin rappelle que la journée de vendredi, à la clôture, «le prix du pétrole Brent coté à Londres (contrat de juin 2024) était de $90,15/b ».
Pour cette deuxième hypothèse, «l’un des points clés est de voir sur quoi vont déboucher les discussions entre Israël, qui veut riposter, et l’Administration Biden, qui tient à éviter l’escalade». Par ailleurs, l’appétit du monde pour le pétrole «continue de s’essouffler» sous l’effet de l’électrification du parc automobile et de la fin du rattrapage de la consommation post-Covid, a indiqué vendredi l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport mensuel.
De son côté, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait estimé jeudi dans ses projections mensuelles que le monde devrait consommer 104,5 mb/j de pétrole en moyenne en 2024, puis 106,3 mb/jMBJ en 2025, arguant que l’appétit pour les transports, notamment aériens, devrait continuer à soutenir la demande mondiale d’or noir en 2024.

Propos recueuillis par Fouad Irnatene pour El Moudjahid.