En quoi l’approche de l’Arabie Saoudite est-elle comparable à celle du Qatar ?
L’Arabie Saoudite copie clairement le modèle du Qatar en faisant à Newcastle ce que QSI a fait au PSG et en se positionnant pour organiser une Coupe du monde de football à l’horizon 2030-2034. Les objectifs sont les mêmes ; à savoir s’acheter une bonne image.
En quoi est-elle différente ?
Au contraire du Qatar, l’Arabie Saoudite attire des joueurs d’envergure internationale dans son propre championnat. D’abord parce qu’il est, à la base, d’un meilleur niveau footballistique, ensuite parce que le PIB du pays est quatre à cinq fois supérieur à celui du Qatar donc lui offre encore davantage de possibilités financières pour diversifier ses investissements.
Enfin, le besoin de redorer son image est bien plus important en Arabie qui a une approche moins moderne de l’Islam et applique une charia plus rigide, pour compenser la répression du régime du Prince MBS (Mohamed ben Salmane) et effacer les traces de la guerre au Yémen et de l’assassinat de Jamal Khashoggi (journaliste saoudien opposant au régime assassiné au sein du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre 2018, Ndlr).
A terme, est-ce un danger pour le football européen ?
Pour le moment non car ça ne concerne que les joueurs en fin de carrière. Jusqu’à présent, l’Europe a pillé les pays africains et sud-américains, où très peu de joueurs du cru évoluent dans leur équipe nationale. Désormais, nous sommes concurrencés par plus riches que nous. Il va falloir s’y faire.
Il faut voir si la greffe va prendre ou si l’évolution va plutôt ressembler à ce qui s’était passé aux Etats-Unis à l’époque du Cosmos de New-York dans les années 80. Même si, à travers CR7, Benzema ou Kanté, avec Messi s’il avait accepté, l’Arabie Saoudite recrute avant tout des millions de followers pour gagner en visibilité internationale.
Pour savoir si leur championnat peut devenir une vraie alternative aux championnats européens, nous aurons une première réponse avec N’Golo Kanté. S’il est toujours appelé en sélection par Didier Deschamps, ça ne peut que le crédibiliser.
Propos recueillis par Frédéric Denat pour Le quotidien du sport.