Barthélémy Courmont, chercheur spécialisé dans les questions nucléaires, la politique étrangère des Etats-Unis, les relations transatlantiques et les nouvelles menaces à l’Iris, revient sur les évènements entre les deux pays…
Comme à son habitude, la Corée du Nord s’engage dans un nouveau cycle de tensions avec la Corée du Sud et la communauté internationale. C’est déjà ce qu’il s’était passé en mars dernier avec le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan. C’est à nouveau ce qu’il se passe aujourd’hui, avec, en outre, la révélation ce week-end par Pyongyang des avancées technologiques sur son site de Yongbyon.
L’objectif est clairement de mettre la pression sur la communauté internationale. A chaque fois, Pyongyang adopte la même stratégie: aller au bord de l’escalade militaire, tout en sachant que de l’autre côté, la réponse sera limitée. Pyongyang vise ainsi à imposer un marchandage à ses conditions pour obtenir aides économiques et alimentaires. Mais très clairement Pyongyang ne veut pas la guerre, sinon ce ne serait pas l’île de Yeonpyeong qui serait attaquée mais Séoul.
Bien sûr. Même si Séoul ne veut pas la guerre, certains, au sein du pays, poussent à répondre aux provocations répétées de Pyongyang. Or, même si militairement, la Corée du Sud aurait le dessus, humainement, un tel conflit serait extrêmement coûteux. Séoul souhaite donc un changement de régime, mais de façon souple. Pyongyang le sait pertinemment, qui joue sur le fait qu’elle fait face à des démocraties (La Corée du Sud, le Japon) dont les mains sont liées.
Il semble qu’avec la fin de la guerre froide, les autorités de Pyongyang aient compris qu’en baissant la garde et en acceptant de jouer la transparence, notamment sur le nucléaire, elles signeraient la fin de leur régime. Du coup elles sont dans une stratégie du chantage permanent. Leur objectif: apparaître comme une menace, quitte même à jouer la surenchère. Une des grandes erreurs de la communauté internationale a longtemps été de considérer que Pyongyang était dans une stratégie jusqu’au-boutiste, un peu folle, or, ce n’est pas du tout le cas, au contraire. Pyongyang a une analyse hyper sophistiquée des relations internationales.
La Corée du Nord tient en effet à montrer que le régime se maintiendra tel qu’il est même si Kim Jong-un est promis pour succéder à Kim-Jong-il.