Sur le plan économique et social, c’est le désastre le plus grand qu’ait connu le pays depuis sa création, en 1946. II faudra des années pour reconstruire les routes, les ponts, les écoles de ce pays encore en voie de développement. On peut déjà prévoir une croissance nulle cette année (NDLR 2 % en 2009).
Le pouvoir civil actuel, bien qu’élu démocratiquement, est faible et corrompu II va être encore davantage fragilisé. D’ailleurs, la colère populaire commence à se déchaîner contre les élus locaux incapables et un gouvernement qui s’est très peu engagé sur le terrain. À l’inverse, l’armée, qui a longtemps dirigé le pays et conserve, en sous-main, beaucoup de pouvoir, profite de l’occasion pour redorer son blason les militaires ont stoppé leur répression dans les zones contrôlées par les extrémistes musulmans – les talibans – pour mener des interventions humanitaires. Comme, dans le chaos actuel, ils sont les seuls à posséder des hélicoptères et des bateaux, les soldats apparaissent efficaces. Cependant, l’armée reste pro-américaine, ce qui n’est pas bien vu par la plupart des Pakistanais.
À l’opposé sur l’échiquier politique, ils tirent aussi leur épingle du jeu. Le TTP, le parti des talibans, est à la recherche d’un électorat Son réseau humanitaire, bien organisé, lui permet d’être très présent. Sa popularité va certainement sortir accrue de la catastrophe.
L’armée, occupée par le soutien logistique à la population en détresse, a un peu relâché sa pression sur les talibans qui ont déjà repris, début septembre, leurs attentats à Lahore. Et ils vont s’en donner à cœur joie. Cependant, je ne pense pas que le pays va imploser car ces musulmans radicaux ne seront pas assez puissants pour prendre le pouvoir. Et le gouvernement essaie de détourner en partie la colère des mécontents contre l’Inde, l’ennemie de toujours : il attire à nouveau, par des déclarations provocantes, l’attention sur le Cachemire, une région de litige permanent entre les deux pays. L’instabilité qui règne depuis au moins vingt ans au Pakistan va encore s’aggraver