En 2016, son élection a créé la surprise. En 2020, il a échoué en raison de la crise du Covid. Son retour à la Maison-Blanche est probable.

 

En 2016, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis avait pris le monde par surprise. Comment un personnage aussi grossier, aussi menteur, aussi sexiste et raciste, tellement différent de tous les autres présidents élus et qui semblait n’avoir aucune des qualités requises pour diriger la première puissance mondiale, avait-il pu l’emporter ? Ce provocateur hors normes et incontrôlable allait avoir entre ses mains l’arsenal nucléaire. Hillary Clinton avait d’ailleurs utilisé cet argument, censé être un repoussoir, au cours de la campagne électorale.

Donald Trump fut élu à la surprise générale, la sienne incluse peut-être. Bien que milliardaire, il avait joué la carte populaire. Les classes moyennes déclassées et la classe ouvrière perdante de la mondialisation l’avaient choisi comme porte-drapeau de leur revanche. Son rejet par les élites politiques et médiatiques américaines avait contribué à sa popularité. Si ces gens qui « nous méprisent » (Hillary Clinton avait traité ses électeurs de « dispensables ») méprisent Donald Trump, alors il est des nôtres.

Si la pandémie de Covid n’était pas venue mettre – provisoirement – à l’arrêt l’économie américaine, il l’aurait sans doute emporté en 2020. Il y a désormais de fortes chances qu’il gagne en 2024. Certes, l’économie américaine se porte bien : les indices boursiers sont au plus haut, ceux du chômage au plus bas. Le plan Biden de réindustrialiser l’économie américaine tout en la verdissant semble fonctionner, au détriment au passage de l’industrie européenne. Pour autant, sa cote de popularité reste basse.

En réalité, 75 % des électeurs américains voudraient avoir un autre choix que la répétition du duel de 2020. Mais personne dans le camp démocrate n’a voulu se présenter contre le président sortant, et Donald Trump a déjà plié le match des primaires républicaines. Il est désormais probable qu’il soit élu. Les multiples affaires judiciaires sont vues par ses partisans comme autant de preuves des persécutions que les démocrates lui font subir. S’il n’a que quatre ans de moins que Joe Biden, il semble dans une forme physique plus démonstrative.

L’âge semble davantage peser sur les épaules de Biden, et il faut se rappeler qu’il avait gagné les élections de 2020 dans un contexte pandémique qui lui avait permis de faire campagne en visio dans son sous-sol. Est-ce qu’il supportera le rythme des multiples déplacements et la fatigue d’une campagne électorale sans donner une preuve visible d’affaiblissement ? Aura-t-il, du fait de la fatigue, des pertes publiques de mémoire dont Donald Trump fera des gorges chaudes ?

Par ailleurs, il devrait repartir avec Kamala Harris comme vice-présidente. Or, celle-ci n’a pas su gagner en crédibilité au cours des trois années passées et ne vient pas compenser les failles de Joe Biden. Le retour à la Maison-Blanche d’un Donald Trump revanchard et se sentant libre de toute contrainte est une perspective tout aussi effrayante pour la démocratie américaine que pour la stabilité internationale.

 

Publié par l’Humanité