Spécialiste des questions africaines, et plus précisément de la Côte d’Ivoire, Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris, revient sur le possible départ de Laurent Gbagbo et sur ses conséquences.
Cela serait un signal fort pour les autres pays d’Afrique. Il va y avoir 19 élections en 2 011 sur le continent. Il est donc important que le verdict des urnes soit respecté en Côte d’Ivoire. Au Nigeria par exemple, les élections vont bientôt avoir lieu et l’issue ivoirienne sera importante, d’autant que l’Union africaine a toujours été frileuse à s’exprimer sur le sujet de la Côte d’Ivoire. Il faut juste espérer une issue rapide et le moins de victimes possibles.
Non. En Côte d’Ivoire, nous parlons d’un conflit qui dure depuis 2002. On est loin d’une contagion, d’autant plus que les médias étaient tous contrôlés par Gbagbo. Il n’y a pas eu de débat démocratique. Certains Ivoiriens restent même persuadés que Gbagbo a gagné les élections d’où la confusion dans le pays actuellement.
Oui, heureusement. Il y a 54 Etats africains. Dans plus de la moitié d’entre eux, le processus démocratique a été respecté. Au Ghana par exemple, le président sortant s’est incliné de peu, mais il a respecté le résultat des urnes et est parti avec dignité.
Il y aura d’autres problèmes à régler. Il faudra reconstruire le pays, déchiré par dix ans de conflit. Il faudra aussi constituer un gouvernement d’union nationale, car près de la moitié des Ivoiriens ont voté pour Laurent Gbagbo. Il faudra enfin travailler à l’unité du pays : beaucoup de haines se sont construites ces derniers temps. Il y a encore beaucoup de défis à relever pour la Côte d’Ivoire.