Lutte contre le narcotrafic : le rapport du Sénat sera-t-il suivi d’effets ?

  • Gaëtan Gorce

    Gaëtan Gorce

    Co-directeur de l’Observatoire des criminalités internationales, chercheur associé à l’IRIS

Le développement des trafics de drogue en Europe et ses conséquences ont fini par interpeller la Représentation nationale. Après le travail mené voici vingt ans sur le crime organisé par l’Assemblée nationale sous la direction du député Jean-Luc Warsmann, puis les conclusions préoccupantes de la Délégation parlementaire au renseignement en 2022, le Sénat a constitué à l’automne dernier une Commission d’enquête présidée par Jérôme Durain destinée cette fois à « mesurer l’impact du narcotrafic dans notre pays et à proposer les mesures à prendre pour y remédier ». Celle-ci a remis ses conclusions le 14 mai dernier.

Force est de constater que le rapporteur n’y mâche pas ses mots et parle d’une véritable « submersion » face à la multiplication des routes par lesquelles les drogues sont acheminées, la variété des moyens par lesquels elles sont introduites et la diversité des modes de distribution. Cette situation n’est évidemment pas propre à la France : elle est la conséquence d’une explosion de l’offre et de la demande mondiales. Si le cannabis – dont la dangerosité s’est accentuée – continue de représenter la moitié de la consommation (affectant plus de 4 % de la population mondiale), et si l’héroïne continue de jouer son rôle dévastateur, les opioïdes de synthèse connaissent un essor spectaculaire dont on commence à ressentir en France les premiers effets. Mais c’est surtout de la cocaïne que vient aujourd’hui le principal danger qu’illustre un record de saisies battu chaque année depuis 2015…

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