Notes / Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique
23 novembre 2023
La France est-elle contributrice nette à la sécurité de la Mélanésie ?
La stratégie indo-pacifique de la France repose en partie sur ses collectivités d’outre-mer et particulièrement sur la Nouvelle-Calédonie. Cette dernière est rattachée à la Mélanésie, la sous-région d’Océanie aux terres les plus peuplées, étendues et productives. Ces archipels océaniens sont également les plus crisogènes (conflit séparatiste ou ethnique) et les plus stratégiques pour la défense orientale de l’Australie (arc mélanésien), partenaire clé de la France in situ. Mais, aux puissances de la région indo pacifique, le président Macron préfère rendre visite en juillet 2023 au Vanuatu et à la Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG), après un arrêt en Nouvelle-Calédonie. Un déplacement hautement symbolique, sans doute motivé par le souci de rallier le soutien de ces pays du Sud micro-insulaires aux côtés de la France et d’y freiner l’expansion de l’influence chinoise. Si ce n’est pour prévenir le soutien à l’indépendance calédonienne ou encore neutraliser le différend territorial avec le Vanuatu.
Dépassés par l’ampleur de leur domaine maritime et limités par leur moyen budgétaire, les États mélanésiens s’en remettent pour la plupart à la coopération sécuritaire avec leurs voisins mieux équipés, incluant l’Australie et la France. Comme les autres États insulaires de la région océanienne, ils souscrivent à la Déclaration de Boe de 2018, qui promeut une conception élargie de la sécurité régionale. Cela comprend la sécurité humaine (humanitaire, économie, santé) et la sécurité environnementale (climat, ressources naturelles). En premier chef, le changement climatique y est spécifiquement élevé au rang de menace existentielle. Au reste, ces États de Mélanésie sont également confrontés aux menaces posées par les crimes transnationaux, la pêche illégale non déclarée et non règlementée, les épidémies, les troubles sociaux (« terrorisme » en PNG) et même la « calamité politique »…